Problématique : Peu de médicaments sont autorisés pour le traitement de la dépendance à l’alcool. Le traitement médicamenteux par baclofène à haute dose est-il une alternative appropriée ?
Contexte : les premières grandes études ont montré des résultats contrastés concernant l’efficacité du baclofène à faible dose (30 mg/j). Cependant, des rapports de cas avec le baclofène à haute dose (jusqu’à 270 mg/j) suggèrent un effet dose-dépendant. En 2015, l’étude BACLAD a montré un effet efficace du traitement à haute dose [1]. L’objectif d’une étude néerlandaise était de tester l’efficacité du baclofène à faible et à forte dose ainsi que la relation dose-effet [2].
Patients et méthodologie : Dans cette étude multicentrique en double aveugle, 151 patients ont été randomisés pour recevoir du baclofène à haute dose (jusqu’à 150 mg), du baclofène à faible dose (30 mg) ou un placebo pendant quatre mois. Dans le groupe à forte dose, la titration du baclofène a eu lieu au cours des six premières semaines. Le critère d’évaluation principal de l’étude était le taux de rechute.
Résultats : Sur la période complète de médication ainsi que sur les 10 semaines suivant la phase de titration, aucune différence n’a été observée dans les trois groupes en termes de taux de rechute. Après la phase de titration, 27,5% des patients du groupe à forte dose, 20% du groupe à faible dose et 25% du groupe placebo ont rechuté. Des résultats similaires sont observés sur la période complète de médication, avec 50% de rechutes dans le groupe à forte dose, 48,4% dans le groupe à faible dose et 46,8% dans le groupe placebo.
Conclusion : ni le baclofène à faible dose ni le baclofène à forte dose ne se sont révélés efficaces. Cependant, seuls 15% des patients du groupe à dose élevée ont atteint la dose cible (moyenne : 94 mg/j). Par rapport à l’étude BACLAD (180 mg/j), la dose obtenue est donc presque deux fois moins élevée. Les patients récidivistes du groupe à dose élevée ont atteint une dose plus faible (84,4 mg/j) que les patients abstinents (102,4 mg, p=0,02). En revanche, une analyse post-hoc n’a montré aucune différence entre les patients recevant une dose minimale de 120 mg/j et le groupe placebo.
- Muller, C.A., et al : High-dose baclofen for the treatment of alcohol dependence (BACLAD study) : a randomized, placebo-controlled trial. Eur Neuropsychopharmacol, 2015. 25(8) : 1167-77.
- Beraha, E.M., et al. : Efficacité et sécurité du baclofène à haute dose pour le traitement de la dépendance à l’alcool : un essai contrôlé multicentrique, randomisé, en double aveugle. Eur Neuropsychopharmacol, 2016. 26(12) : p. 1950-1959.
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2017 ; 15(2) : 24-26