Dans le traitement de la sclérose en plaques (SEP) récurrente-rémittente, plusieurs progrès encourageants ont été réalisés ces dernières années. Ainsi, la première substance administrée par voie orale – le fingolimod – fait désormais partie intégrante de leur traitement de base.
Dans le cas de la SEP récurrente-rémittente, l’objectif du traitement est la régression la plus rapide et la plus complète possible des symptômes des poussées, car chaque poussée peut laisser des séquelles. Outre le traitement des poussées, qui repose le plus souvent sur des stéroïdes et éventuellement une plasmaphérèse, il est important d’instaurer un traitement de fond afin de réduire la fréquence et la sévérité des poussées et de ralentir globalement la progression de la maladie. “On sait aujourd’hui que le traitement de base doit être commencé le plus tôt possible, c’est pourquoi nous commençons aujourd’hui un traitement dès que le diagnostic de SEP est confirmé ou lorsque, dans le cas d’un CIS (“clinically isolated syndrome”), une SEP manifeste ultérieure est probable”, a souligné le PD Dr Michael Linnebank, de l’Hôpital universitaire de Zurich. Le traitement précoce, en empêchant la maladie de devenir pleinement active, semble poser les jalons d’une évolution plus favorable à long terme [1].
Les traitements de base peuvent être soit des interférons bêta ou de l’acétate de glatiramère, injectés par voie sous-cutanée ou intramusculaire, soit le fingolimod par voie orale. Si le traitement de base n’entraîne pas une réduction suffisante de l’activité de la maladie, le traitement peut être escaladé, par exemple en passant d’une préparation injectable au fingolimod oral ou au natalizumab (figure 1). La mitoxantrone est aujourd’hui rarement utilisée en raison des risques (cardiaques, développement de tumeurs).
Traitement de fond de la SEP par voie orale avec le fingolimod
En Suisse, le fingolimod (Gilenya®) est autorisé comme traitement de fond de la SEP récurrente-rémittente pour réduire la fréquence des poussées et retarder la progression du handicap. Le fingolimod, très proche de la sphingosine, se fixe sur les récepteurs de la sphingosine-1-phosphate (S1P) et interfère avec le métabolisme des sphingolipides des lymphocytes, les empêchant ainsi de sortir des ganglions lymphatiques. “Le traitement au fingolimod permet de redistribuer les lymphocytes de manière réversible. Ils se trouvent dans le tissu lymphatique et non plus dans le sang et ne peuvent donc plus passer du sang au système nerveux et y provoquer des inflammations”, explique-t-il.
Les deux études clés sur le fingolimod sont l’étude TRANSFORMS [2] et l’étude FREEDOMS [3], qui ont montré que le fingolimod était supérieur au placebo et à l’interféron-β-1a sur plusieurs paramètres : réduction du taux annuel de poussées, moindre augmentation du handicap, réduction de l’activité inflammatoire à l’IRM et réduction de la diminution du volume cérébral.
La tolérance au fingolimod est généralement bonne, mais certains points doivent être pris en compte : Par exemple, un œdème maculaire peut survenir comme complication rare. Un contrôle ophtalmologique doit donc être effectué avant le début du traitement et après trois à quatre mois de traitement. De même, des contrôles de laboratoire doivent être effectués régulièrement avant et pendant le traitement et des examens dermatologiques doivent être réalisés chez les patients présentant un risque accru de malignité cutanée. Chez les femmes en âge de procréer traitées par le fingolimod, il convient de veiller à une contraception efficace, car la substance est tératogène.
Source : Lunchsymposium, Medidays 2013, 2-6 septembre 2013, Hôpital universitaire de Zurich
Littérature :
- Tintoré M : Traitement précoce de la SEP. Int MS J 2007 ; 14 : 5-10.
- Cohen JA, et al : fingolimod oral ou interféron intramusculaire pour la sclérose en plaques en rechute. N Engl J Med 2010 ; 362 : 402-415.
- Kappos L, et al : A placebo-controlled trial of oral fingolimod in relapsing multiple sclerosis. N Engl J Med 2010 ; 362 : 387-401.