Problématique : Il s’agit d’évaluer le risque de récidive d’AVC à 1 an après un AIT ou un AVC mineur dans le cadre d’un régime de prévention secondaire moderne.
Contexte : des études antérieures menées entre 1997 et 2003 ont montré un risque élevé d’infarctus cérébral ischémique pouvant atteindre 20% au cours des trois premiers mois. Depuis, le mode de prophylaxie secondaire médicamenteuse a considérablement changé, ce qui s’est accompagné d’une baisse significative des taux de récidive dans deux études monocentriques. Cependant, des données multicentriques sur le risque de récidive d’AVC après un AIT font défaut et doivent être collectées dans le cadre de cette étude.
Patients et méthodologie : Il s’agit d’une enquête prospective multicentrique et multinationale menée par des spécialistes de l’AVC auprès de patients ayant subi un AIT ou un accident vasculaire cérébral mineur. L’événement ischémique ne devait pas remonter à plus de sept jours. La collecte des données a été effectuée sur le web et par le biais d’entretiens en face à face. Les dates d’évaluation ont été fixées à la ligne de base, à un, trois et douze mois. Le critère d’évaluation composite primaire était le décès d’origine cardiovasculaire, l’accident vasculaire cérébral non fatal (ischémique et hémorragique) et le syndrome coronarien aigu. Les critères d’évaluation secondaires comprenaient des éléments du critère d’évaluation principal ainsi que la récidive de l’AIT, le décès d’une autre cause et les hémorragies.
Résultats : 4789 patients ont été inclus dans 61 centres et 21 pays. 87,6% de ces patients ont demandé une consultation médicale dans les 24 heures suivant l’événement et 78,8% ont été évalués par un spécialiste de l’AVC dans les 24 heures. L’outcome primaire à un an a été atteint dans 6,2% des cas. Le taux d’AVC était de 1,5%, 2,1%, 2,8%, 3,7% et 5,1% (à deux et sept jours, puis à un, trois et douze mois). Le risque d’AVC augmentait avec l’augmentation du score ABCD2 (0% pour un score ABCD2 de 0 et 9,6% pour un score ABCD2 de 7 points). 22% des AVC sont survenus dans le groupe ayant un score ABCD2 de <4 points.
Conclusions des auteurs : le taux de récidive d’AVC de 3,7% à 90 jours était nettement inférieur aux études historiques qui ont trouvé un risque de 12-20%. La raison en est principalement une meilleure et surtout plus rapide mise en place de la prévention secondaire. Un score ABCD2 de six ou sept, une sténose vasculaire athérosclérotique et de multiples infarctus cérébraux étaient des facteurs prédictifs indépendants de récidive.
Commentaire : La principale conclusion de cette étude est qu’un faible taux de récidive d’AVC peut également être obtenu dans le cadre d’une approche multicentrique. Le délai de mise en place de la prophylaxie secondaire est crucial, car le risque de récidive après un AIT est le plus élevé dans les premiers jours et surtout au jour 0. Les patients présentant de nombreux facteurs de risque cardiovasculaire, une athérosclérose sténosante et de multiples infarctus cérébraux présentent un risque particulièrement élevé de récidive. D’un autre côté, un score ABCD2 bas ne doit pas inciter à rechercher un AIT en dehors de l’urgence. Un facteur important de réduction du risque de récidive est l’administration précoce d’aspirine, qui a un effet très rapide, notamment en cas d’AIT/d’AVC mineur, non seulement sur le risque de récidive, mais aussi sur la gravité de la récidive [1]. Un AIT est et reste une urgence et doit être évalué le jour 0 (imagerie cérébrale, visualisation des vaisseaux, ECG), y compris la mise en place d’une prophylaxie secondaire appropriée.
Littérature :
- Rothwell PM, et al : Effects of aspirin on risk and severity of early recurrent stroke after transient ischaemic attack and ischaemic stroke : time-course analysis of randomised trials. Lancet 2016 May 18. pii : S0140-6736(16)30468-8 [Epub ahead of Print].
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2016 ; 14(4) : 31