Chers collègues, vos patients souffrent-ils aussi de plus en plus souvent d’insuffisance rénale ? Chez mes patients âgés, la maladie a pris des proportions épidémiques ces dernières années.
Qu’est-il arrivé aux reins helvétiques ? Quelles sont les raisons de cette “épidémie” ? Y a-t-il eu une augmentation du nombre de décès dus à l’administration d’AINS ? Les acidoses lactiques ont-elles augmenté sous metformine ?
Il est frappant de constater que le diagnostic d’insuffisance rénale a augmenté depuis que les hôpitaux impriment automatiquement la clairance de la créatinine sur la feuille de laboratoire. Presque en même temps, les DRG ont fait leur entrée dans notre pays et le diagnostic figure ainsi dans la liste des diagnostics sous les points cinq à dix pour presque tous les patients de plus de quatre-vingts ans. Grâce à la vérification systématique des interactions avec les outils modernes, nous avons également appris que nos thérapies mettaient en danger la vie et l’intégrité physique de nos patients polymorbides. Dans la presse non spécialisée et spécialisée, on peut lire que des milliers de personnes sont tuées par des interactions médicamenteuses de notre part, nous les médecins.
Il est juste et bon que nous soyons conscients des dangers de la polymédication. Chaque jour, nous oscillons entre Scylla et Carypte dans le traitement de nos patients âgés et très âgés. Il s’agit de décider laquelle des innombrables guidelines doit être appliquée. Nos patients âgés se plaignent d’insomnie, de douleurs dans le dos et dans les articulations. Il est difficile de les traiter correctement, c’est-à-dire de suivre toutes les directives, car ils souffrent très souvent à la fois d’une cardiopathie hypertensive et de diabète. Compte tenu de l’instabilité connue de la démarche et de la nycturie, l’administration d’un somnifère semble difficilement justifiable en toute bonne conscience. Et j’ai failli oublier l’insuffisance rénale.
Alors, à quelles directives devons-nous nous conformer ? Je pense que la première chose à faire est de veiller au bien-être de nos patients. Vous avez le droit d’être le moins gêné possible et il convient d’évaluer les risques que cela implique. Cette évaluation des risques doit se baser sur les besoins et les souhaits du patient. Par exemple, de nombreuses personnes âgées acceptent le risque de chuter davantage si elles ne peuvent que dormir profondément la nuit et sans douleur.
Le diagnostic d’insuffisance rénale a-t-il également augmenté dans votre pratique ? Il est probable que la fréquence du diagnostic dans votre cabinet soit également en corrélation avec l’âge moyen de vos patients.
Je vous souhaite un bon coup d’œil pour naviguer entre Scylla et Carypte !
Cordialement, votre
Dr. med. Josef Widler
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2014 ; 9(8) : 1