Le thème principal du congrès du CMPR de cette année était “Humide – Sec”. C’est pourquoi l’un des principaux exposés du congrès était consacré au “flux amoureux – comment sortir de la sécheresse sexuelle”. Le Dr Regina Elizabeth Widmer, gynécologue à Soleure, qui a également animé deux ateliers sur ce thème qui ont affiché complet lors du congrès, a notamment expliqué aux auditeurs ce qui est important en cas de sécheresse vaginale.
Le Dr Regina Elizabeth Widmer, Soleure, a lancé un appel lors du congrès du CMPR : “Demandez à vos patients si les rapports sexuels se passent bien. Beaucoup sont soulagés lorsqu’on leur pose la question. Il y en a alors qui disent tout de suite : “oui, tout va bien”, mais d’autres ont quelque chose sur le cœur”. En tant que médecin, il faut cependant se sentir à l’aise avec la question, elle ne doit pas sembler posée. Un intérêt réel et professionnel du médecin est apprécié.
Plaintes
Les troubles classiques sont, chez l’homme, la dysfonction érectile et l’éjaculation précoce, et chez la femme, le manque de libido, la dyspareunie et la difficulté à atteindre l’orgasme. Alors qu’auparavant, l’homme (cliché) avait envie de faire l’amour et la femme (cliché) ne faisait que remplir ses obligations conjugales, aujourd’hui, c’est plutôt l’inverse : les hommes se retirent de la relation tandis que les femmes retrouvent le désir.
Stress de performance
Les rapports sexuels sont toujours considérés comme le sommet de la hiérarchie des pratiques sexuelles. Pour être un “vrai” homme, il existe une croyance erronée selon laquelle l’homme doit obtenir une érection pénétrable, la maintenir et amener sa partenaire (ou son partenaire) à l’orgasme. En tant que “vraie” femme, il faut toujours avoir envie de faire l’amour, de mouiller et d’avoir un orgasme vaginal, “si possible en mains libres et plusieurs fois”, poursuit-elle. Résultat : il est mou, elle n’est pas mouillée – inapte à la circulation, et tout cela à cause du stress. Les rapports sexuels ne sont merveilleux que s’ils le sont pour les deux partenaires.
Qu’est-ce qui aide ?
Dans sa présentation, le Dr Widmer a déploré une anamnèse sexuelle rudimentaire dans la pratique. “Prescrire simplement une pommade, un gel, de la graisse ou des œstrogènes aide pour le moment, mais c’est loin d’être suffisant”, a-t-elle déclaré à Lucerne. C’est justement en cas de dyspareunie qu’il faut préciser : “Même nous, les médecins, ne faisons pas assez de distinction !” Qu’est-ce qui fait mal exactement ? La vulve, le vagin ? La musculature ? Si c’est la peau de la vulve, il s’agit d’un problème de peau ; la peau de la vulve peut être graissée et soignée comme la peau normale du corps, de préférence avec des crèmes et des pommades à base naturelle (la vaseline n’est pas optimale). Si les muscles sont douloureux, il s’agit peut-être d’un plancher pelvien hypertonique. En cas de vaginisme, des exercices de relaxation du plancher pelvien sont donc de mise. Si le vagin lui-même – un épithélium en plaques multicouches non kératinisé – est sec, des crèmes hydratantes ou des suppositoires et gels vaginaux comme Hydro Santa® et Vagisan® peuvent aider. Les œstrogènes topiques sont utiles en cas d’atrophie sévère, les phyto-œstrogènes, par exemple Rheum rhaponticum® ou les préparations magistrales de pharmacies spécialisées (smgp.ch), en cas d’atrophie légère.
Chez l’homme, les exercices physiques aident, par exemple, en cas d’éjaculation précoce, les exercices de relaxation du plancher pelvien, et en cas de dysfonction érectile (DE), l’auto-érotisme, qui améliore la microcirculation. Les inhibiteurs de la PDE-5 favorisent l’assurance sexuelle. En cas de DE légère, ils ne sont souvent nécessaires que de manière passagère.
La prescription d’une crème ne doit pas faire fuir le patient du cabinet médical, mais plutôt l’accompagner dans son parcours (tableau 1).
Soigner la sexualité
Mais le Dr Widmer a également souligné que la sexualité devait être cultivée dans le couple. Il devrait y avoir des moments fixes où l’on prend du temps pour l’autre et pour son corps. Elle a recommandé aux auditeurs une soirée de souhaits : “Une fois tu souhaites, une fois je souhaite”. Selon elle, une communication soignée doit être apprise et entretenue. Il est utile de disposer d’un assortiment de base de livres que le médecin peut montrer pour la consultation dans le cabinet. En outre, il peut indiquer des liens, recommander des adresses et des cours. Des informations et de la documentation sont disponibles, par exemple, sur le site Web du Dr Widmer www.frauenpraxis-runa.ch. Si rien n’y fait, le recours à un sexologue ou à une thérapie de couple reste une option.
Séverine Bonini
Source : “Liebesfluss – Wege aus der sexuellen Dürre”, conférence du Dr. med. Regina Elizabeth Widmer au congrès du CMPR, 20-21 juin 2013, Lucerne