Le myélome multiple résulte de la dégénérescence d’un seul plasmocyte, dont les clones se propagent dans la moelle osseuse. Dans l’ensemble, la maladie est très rare. Cependant, elle fait partie des tumeurs les plus fréquentes des os et de la moelle osseuse. Cette maladie, qui appartient au groupe des lymphomes non hodgkiniens, fait l’objet de recherches intensives visant à améliorer durablement le pronostic des personnes atteintes.
Des travaux antérieurs ont montré qu’une maturation perturbée des neutrophiles est associée à la progression de la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS) jusqu’au myélome multiple (MM). Les cellules souches et progénitrices hématopoïétiques (HSPC) sont impliquées de diverses manières dans la réponse immunitaire primaire à différents états pathologiques et servent de lien avec l’accumulation de cellules suppressives dérivées du myélome (MDSC). Récemment, les premières cellules précurseurs des neutrophiles ont été trouvées dans le sang périphérique, caractérisées par l’expression de CD71 comme marqueur des premiers stades de la prolifération des neutrophiles. Ces découvertes pourraient éventuellement jouer un rôle biologique et clinique important dans l’identification des patients atteints de MM dont les résultats sont moins bons. On a donc cherché à savoir si la mesure des précurseurs myéloïdes dans le sang périphérique des patients atteints de dyscrasie plasmocytaire par cytométrie de flux pouvait être un marqueur permettant d’identifier les patients présentant des caractéristiques de dysplasie myéloïde, quel que soit le traitement administré [1].
50 patients atteints de dyscrasie plasmocytaire ont été recrutés à cet effet et suivis pendant une durée médiane de 13,8 mois. Des échantillons provenant de 23 donneurs sains ont été analysés en tant que groupe de contrôle. Une augmentation progressive des cellules CD15+CD71+CD117+ circulantes a été observée chez les patients atteints de MM par rapport aux MGUS et aux donneurs sains. Il s’est avéré que les patients présentant un taux élevé de cellules CD15+CD71+CD117+, comparés aux patients présentant un faible taux de cellules CD15+CD71+CD117+, avaient un ISS plus élevé et des taux d’hémoglobine plus faibles au moment du diagnostic et présentaient plus souvent une FISH à haut risque. L’analyse univariée de la survie n’a toutefois pas permis d’identifier une proportion élevée de cellules CD15+CD71+CD117+ comme facteur prédictif de la progression ou de la survie globale. Cela signifie que les cellules précurseurs myéloïdes CD15+CD71+CD117+ sont plus élevées chez les patients atteints de MGUS et de MM par rapport aux personnes en bonne santé, sans effet apparent sur les résultats cliniques.
Le rôle de la leptine dans le MM
La leptine est principalement produite par le tissu adipeux et libérée dans la circulation sanguine. La leptine circulante se lie au récepteur de la leptine (LEPR) dans le cerveau, qui active des voies de signalisation qui inhibent la prise alimentaire et favorisent la consommation de calories. Le gène du récepteur de la leptine (LEPR, également connu sous le nom d’Ob-R) est situé en 1p31. La méthylation de l’ADN consiste en l’ajout d’un groupe méthyle en position 5 du cycle pyrimidine des cytosines avant une guanine (dinucléotide CpG), catalysé par les ADN méthyltransférases. La méthylation de la cytosine au niveau des sites CpG est une modification épigénétique importante qui peut supprimer l’expression des gènes. Une étude a maintenant examiné le rôle des polymorphismes génétiques de la leptine et de la LEPR chez les patients atteints de MM [2].
Au total, 300 patients atteints de MM et 170 personnes constituant un groupe témoin sain ont été inclus dans cette étude. L’analyse statistique visant à étudier les effets des polymorphismes des gènes de la leptine et de la LEPR sur la susceptibilité à la maladie a révélé que les génotypes GA et AA du gène de la leptine étaient significativement plus élevés dans le groupe de patients par rapport aux témoins sains. En ce qui concerne la méthylation de -31 NT et -51 NT du gène de la leptine, on a observé que la méthylation de -51 NT était significativement plus élevée chez les témoins sains. L’analyse de survie a révélé que la survie sans progression des patients porteurs du génotype GG du gène LEPR était significativement plus courte que celle des autres patients, alors qu’il n’y avait aucun effet sur la survie globale. En conséquence, les résultats ont montré que les polymorphismes du MM et de la leptine présentent des caractéristiques significatives qui affectent à la fois la susceptibilité à la maladie et la réponse au traitement.
Les facteurs de prévision sous la loupe
Le MM est une maladie très hétérogène, dans laquelle presque tous les patients finissent par rechuter et/ou devenir réfractaires au traitement. Plusieurs études ont identifié des facteurs déterminants pour le pronostic des patients atteints de RRMM. Il manquait toutefois une synthèse actualisée des connaissances disponibles. C’est désormais chose faite [3]. Les facteurs les plus souvent examinés dans les 125 études incluses étaient le stade de la maladie, l’âge, les lignes de traitement antérieures, la meilleure réponse au traitement index, le risque cytogénétique, la lactate déshydrogénase, la maladie extramédullaire/plasmocytome (EMP) et le statut de performance (PS).
Une moins bonne survie était associée à un stade plus avancé de la maladie, à un âge plus élevé, à un plus grand nombre de lignes de traitement antérieures, à une moins bonne réponse, à une cytogénétique à haut risque, à des niveaux élevés de LDH, à la présence d’EMP et à un mauvais PS. En revanche, une moins bonne réponse était associée à un stade plus avancé de la maladie, à un âge plus jeune, à un plus grand nombre de lignes de traitement antérieures, à une cytogénétique à haut risque et à un mauvais PS.
Congrès : 28e congrès annuel de l’Association européenne d’hématologie (EHA) 2023
Littérature :
- Parinello NL, Duminuco A, Marino S, et al : Circulating CD71+ myeloid percursors in mgus and multiple myeloma : a prospecitive survey. HemaSphere 2023 ; 7(S3) : 3984-3985.
- Serin I, Oyaci Y, Pehlivan M, et al. : Hof effective are leptin gene polymorphisms and methylation during the course of multiple myeloma (MM) ? HemaSphere 2023 ; 7(S3) : 3987-3988.
- Kumar S, Leleu X, Weisel K, et al : Systematic literature review of prognostic factors for relapsed/refractory multiple myeloma. HemaSphere 2023 ; 7(S3) : 4017-4018.
InFo ONKOLOGIE & HÄMATOLOGIE 2023 ; 11(4) : 22 (publié le 12.9.23, ahead of print)