Les soins médicaux réguliers des pieds des personnes atteintes de diabète permettent d’éviter les plaies ouvertes, les infections et les amputations d’orteils ou du pied entier qui en résultent. Or, pour être remboursé par la caisse d’assurance maladie, celui-ci devait être effectué par des professionnels particulièrement formés. La podologie pour les diabétiques est désormais incluse dans l’assurance soins de santé.
Les soins médicaux des pieds des personnes atteintes de diabète doivent être dispensés sur prescription médicale par des professionnels particulièrement qualifiés. Jusqu’à présent, l’assurance obligatoire des soins (AOS) ne les remboursait que s’ils étaient effectués par des infirmiers (art. 7 al. 2 let. b ch. 10 OPAS). Cependant, comme de nombreux infirmiers ne disposent pas de l’expérience et de l’équipement nécessaires, la demande n’a pas pu être satisfaite. C’est pourquoi, à partir du 1er janvier 2022, les soins médicaux des pieds prodigués par des podologues aux personnes atteintes de diabète seront également remboursés par l’assurance obligatoire des soins, conformément au communiqué du Conseil fédéral du 26 mai 2021 [2].
Traitement multiprofessionnel et multifactoriel
Le traitement multiprofessionnel et multifactoriel par le podologue nécessite, entre autres, un bon “réseau de plaies”. Cela implique avant tout une coopération avec le médecin, qui explique s’il y a des sténoses, si une revascularisation doit avoir lieu et fixe des dates pour le changement des pansements. Il est possible qu’un service de soins soit également impliqué pour le traitement local des plaies en fonction du stade. Et il nécessite l’aide du patient lui-même et de ses proches, par exemple en ce qui concerne l’hygiène à domicile ou les éventuels services de transport. Selon Penelope Kühn, podologue à Nastätten, le temps joue également un rôle crucial. Celle-ci serait un grand avantage chez les podologues, car ils voient le patient régulièrement toutes les 4 à 6 semaines et ont entre 30 et 60 minutes pour écouter, percevoir mais aussi influencer [1].
La procédure possible chez le podologue comprend une palpation et un sondage délicats de la plaie ainsi qu’un premier traitement avec un antiseptique afin d’éviter toute infection. En outre, il existe éventuellement un contact direct avec le médecin généraliste afin de clarifier les compétences. En accord avec le médecin généraliste, le podologue procède également à l’ablation de la plaie ou de la callosité en cas de sous-minage et assure un repos suffisant de la plaie et une réduction de la pression grâce à des pansements qui n’empêchent pas ou ne perturbent pas davantage les soins aux extrémités. Il conseille ensuite le patient sur les mesures à prendre et lui explique quelles restrictions sont éventuellement nécessaires pour aider la plaie à cicatriser dans les limites du possible.
Le diagnostic clinique n’est souvent pas suffisant
Malheureusement, il y a un nombre infini d’erreurs et de mauvais traitements avec des médicaments choisis au hasard, pour lesquels il n’y a souvent pas de suivi pour vérifier si le médicament donne les résultats escomptés, explique Mme Kühn. Elle recommande donc que tous les sens soient sensibilisés, notamment le regard, la palpation, le toucher, la pression et l’odorat. En plus de la motricité et de la sensibilité, un contrôle régulier de la circulation sanguine doit être effectué, car dans le traitement multifactoriel du syndrome du pied diabétique, la prise en compte de la situation de la circulation artérielle est d’une importance capitale. En outre, chez les patients infectés, la détection de l’agent pathogène doit être effectuée dès le début pour étayer le diagnostic. Mais au plus tard lorsque la cicatrisation stagne, un prélèvement de la plaie doit être effectué.
Le patient reste au centre des préoccupations de l’équipe soignante. En plus d’une bonne anamnèse complète, il est donc nécessaire, selon Mme Kühn, que toutes les parties concernées communiquent de manière objective et d’égal à égal afin de garantir une bonne coopération entre les médecins, les thérapeutes et les patients. Le podologue pourrait faire le lien entre le médecin généraliste et le patient et orienter le patient vers des procédures de revascularisation en collaboration avec le médecin généraliste, ce qui réduirait significativement le risque d’amputation.
Études de cas en podologie
Le patient A, femme, 85 ans, diabète sucré de type 1, risque d’acidocétose, AOPV, s’est usé l’orteil sur la chaussure parce que le tendon fléchisseur de l’orteil est beaucoup trop fort et que le tendon extenseur ne peut pas vraiment s’y opposer. Cela a provoqué un ulcère qui a été rembourré de manière trop dense. La plaie était macérée, fortement enflammée, présentait une coloration rouge et produisait des sécrétions. L’orteil a été étiré et le tendon fléchisseur a été rembourré vers le bas et un coussin a été placé derrière l’ulcère. Il convient d’éviter une couverture élevée sur l’ulcère proprement dit afin de ne pas transmettre la pression à la plaie. Finalement, l’articulation a dû être retirée au minimum et suturée. La plaie est désormais cicatrisée et un suivi par orthèse podologique est effectué afin de soulager l’orteil.
Patient B, homme de 82 ans, diabète sucré, PNP, HbA1c 7,8, pouls palpable, présente une plaie du métatarse 5 avec infection. Un prélèvement de la plaie a été effectué et, avec l’accord du médecin généraliste, l’ulcère a été ouvert à plusieurs reprises afin de permettre l’évacuation des sécrétions. Un rembourrage généreux de la plaie a été effectué autour du pansement et une fixation avec Fixomull a été effectuée. Tant que la plaie est très profonde et qu’il y a des sécrétions de la plaie, celle-ci doit rester ouverte pour que les sécrétions de la plaie puissent s’écouler. Lors du rembourrage, il convient également de garder à l’esprit la statique et la biomécanique. Comme la statique et la dynamique ont une grande influence sur la charge de l’avant-pied, il est également nécessaire d’examiner la question sous l’angle de la dynamique en spirale.
Le patient C a une plaie dans la région de l’apex de D3. Le pansement pour couvrir la plaie avec Fixomull dans le tendon fléchisseur a été appliqué dans la zone de flexion. Il est important de ne pas coller les coussinets directement sur la peau, car il faut éviter que le tendon fléchisseur ne tire. Si le tendon fléchisseur ne peut plus se contracter, l’orteil reste tendu et la plaie peut guérir.
Le patient D, diabète sucré de type 2 depuis 35 ans, PNP, raideur physique, démarche incertaine et raccourcissement des muscles est traité avec des orthoses. Les orthoses permettent en outre de guérir les ulcères, à condition de faire l’objet d’un suivi étroit et d’une bonne information.
Messages Take-Home
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- Des délais de soins et de guérison nettement plus courts
- Un temps de cicatrisation plus court signifie moins de coûts !
Congrès : Congrès de Nuremberg sur les plaies
Littérature :
- Penelope Kühn : L’ulcère de pression correctement soulagé et soigné à long terme, Nürnberger Wundkongress 2021, 02.12.2021.
- www.diabetesschweiz.ch/mehr-zur-fachberatung/medizinische-fusspflegepodologie.html
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2022 ; 17(2) : 24-25