Pendant la coronapandémie, on a observé une augmentation des lésions cutanées du visage dues au port d’un masque bucco-nasal. A l’avenir, le port d’un masque de protection FFP2 sera également recommandé dans de nombreux endroits, en particulier dans le secteur médical, afin de réduire le risque de contamination par le coronavirus. Pour les personnes qui doivent porter un masque en permanence, les experts de la DDG conseillent un concept individualisé de nettoyage et de soins de la peau.
“Pour de nombreuses personnes, le masque FFP2 continuera à être un compagnon quotidien, car la protection des groupes vulnérables, par exemple dans les maisons de soins ou les cliniques, passe avant tout”, déclare le professeur Peter Elsner, chargé des relations publiques de la Société allemande de dermatologie (DDG) [1]. Des études empiriques montrent que le port intensif de masques peut provoquer des modifications de la peau, soit pour la première fois, soit pour aggraver des dermatoses préexistantes au niveau du visage [2].
Dans une étude récente de l’Université d’Osnabrück (Allemagne), environ 80% des infirmières et des médecins interrogés ont déclaré souffrir de signes de dermatite au masque et, dans une étude antérieure menée en Chine, environ 97% du personnel hospitalier interrogé avait développé des symptômes cutanés liés au masque sur l’arête du nez, les joues et le front [3,4]. Il semble notamment que le risque soit plus élevé lorsque le port est supérieur à 6 heures.
L’effet d’occlusion du masque affecte l’environnement cutané
“Nous avions déjà quelques connaissances sur la manière dont la peau du visage réagit au port d’un masque avant la coronapandémie : elle est parfois irritée, réagit par des inflammations ou des démangeaisons”, explique le professeur Elsner [1]. Sous le masque, le taux d’hydratation de la couche cornée et la perte d’eau par la peau sont augmentés. La barrière cutanée est affectée. La température de la peau, la production de sébum et le pH augmentent. L’environnement cutané est perturbé suite à l’effet d’occlusion du masque. Le frottement mécanique sur la peau du visage aggrave l’état de la peau, surtout en cas de maladies cutanées préexistantes telles que l’acné ou la rosacée.
Christoph Skudlik de l’Institut de prévention et de réhabilitation dermatologique interdisciplinaire (iDerm) de l’Université d’Osnabrück [3].
Une étude montre une augmentation drastique des lésions cutanées du visage
L’enquête écrite menée en novembre 2021 a porté sur 192 travailleurs du secteur de la santé. La durée moyenne de port quotidien d’un MNS s’élevait à 0,6 ± 1,7 heure avant la pandémie et à 9,0 ± 1,9 heures pendant la pandémie. 10,9% des 192 participants ont déclaré avoir souffert de lésions cutanées au niveau du visage avant l’introduction des mesures d’hygiène associées au Covid-19, lésions qui, selon leur propre évaluation, étaient dues au port d’un MNS. Pour 80,7% des 192 participants, ces effets ne sont apparus que depuis l’introduction du port obligatoire du masque. Le port du masque FFP2 a été cité comme le facteur déclenchant le plus fréquent de l’altération de la peau. Pour les professeurs Elsner et Skudlik, experts de la DDG, les modifications de la peau du visage provoquées par le port du masque doivent être prises très au sérieux. “Nous conseillons d’informer les travailleurs sur la prévention des lésions cutanées. Dans la pratique de la dermatologie professionnelle, des concepts individualisés de nettoyage et de soins de la peau devraient être appliqués”, souligne le professeur Skudlik, qui est également président du groupe de travail de dermatologie professionnelle et environnementale de la DDG [1]. Le professeur Elsner ajoute : “Nous sommes conscients que certaines personnes sont préoccupées par la peau de leur visage. Mais avec une prophylaxie et un traitement appropriés, il est très rare de devoir renoncer complètement au port du masque” [1].
Congrès : Société allemande de dermatologie
Littérature :
- “Protection corona vs. santé de la peau : ce qui protège contre la dermatite masquée et ce qui aide à la combattre”, Deutsche Dermatologische Gesellschaft e. V. (DDG), 28.03.2022
- Assurance sociale allemande contre les accidents (DGUV), https://forum.dguv.de/ausgabe/5-2021/artikel/schutzmasken-und-hautbeschwerden-ein-haeufiges-berufsdermatologisches-problem-waehrend-der-pandemie, (dernière consultation 14.04.2022)
- Symanzik C, et al. : Changements cutanés dus au port d’un masque facial chez les travailleurs de la santé dans le cadre de l’endiguement de la pandémie de COVID-19 : une étude empirique dans un hôpital de soins maximum de Basse-Saxe. Dermatologie professionnelle et environnementale, année 70, n° 1/2022, p. 3-11.
- Lan J, et al : Skin damage among health care workers managing coronavirus disease-2019. in : J Am Acad Dermatol 2020 ; 82 : 1215-1216.
- Kreft B : Prévention et traitement des dermatoses provoquées par une protection personnelle de la bouche et du nez (protection médicale de la bouche et du nez, demi-masques filtrants (FFP1/FFP2/FFP3). J Dtsch Dermatol Ges 2021 ; 19(7) : 1121-1122.
DERMATOLOGIE PRATIQUE 2022 ; 32(2) : 43