Trois pays, trois présidents de congrès et trois conférences souhaitées sur des thèmes de recherche actuels – voilà ce qui était au programme du symposium des présidents du congrès sur l’épilepsie à Interlaken. Il y a eu un état de l’art sur la recherche de focalisation dans l’épilepsie et des informations sur la valeur ajoutée de l’IRM sur les malformations et la génétique du développement cortical. Il a également été signalé que le poisson-zèbre offre de formidables perspectives pour la recherche pharmacologique.
Le président de la conférence, le Dr Günther Krämer, Zurich, avait invité le professeur Christoph M. Michel, Genève, à s’exprimer sur le thème “Combinaison de l’imagerie électrique et hémodynamique dans le diagnostic de l’épilepsie” à la conférence sur l’épilepsie d’Interlaken. Celui-ci a mis en évidence le fait qu’au cours d’une crise d’épilepsie, les processus cérébraux sont extrêmement dynamiques, mais que jusqu’à présent, les méthodes n’étaient pas suffisantes pour garantir la résolution temporelle. En revanche, de nouveaux appareils comme l’EEG à 265 canaux ou l’encéphalogramme magnétique (MEG) à 306 canaux permettent une très haute résolution temporelle, la combinaison des deux étant désormais suffisamment rapide. En combinaison avec des modèles mathématiques (Electric Source Imaging, ESI), il est aujourd’hui possible de réaliser une cartographie et une imagerie fiables. Dans le diagnostic pré- et postopératoire, l’ESI permet de localiser correctement le site de départ des crises dans 90% des cas. Cette méthode est avantageuse en raison de sa grande disponibilité et pour les enfants.
D’autres améliorations ont été apportées par la combinaison de l’EEG-IRMf et de l’ESI-IRMf. L’IRMf informée par la carte des pics est une option permettant d’expliquer les phénomènes de crise dans les cas les plus difficiles. Le professeur Michel a également souligné que l’on sait peu de choses sur la manière dont les crises cessent. “La réponse est plus compliquée qu’on ne le pensait. A l’avenir, l’EEG et l’IRMf seront adaptés à ce type de questions de recherche”.
Génétique du développement cérébral
Le Dr Giorgi Kuchukhidze travaille actuellement à Innsbruck (A) et est expert dans l’étude de la maturation du cerveau et de ses troubles. Il a donné une conférence sur les résultats de l’IRM et la génétique sous-jacente. Selon le Dr Kuchukhidze , on a décrit jusqu’à présent environ 90 gènes qui, seuls ou en combinaison, peuvent être responsables de troubles du développement du SNC. La lissencéphalie classique est par exemple associée à une atrophie cérébelleuse, et deux formes génétiques ont été identifiées dans la polymicrogyrie : la forme bilatérale péri-sylvienne avec un site génétique dans la région Xq28 et la forme bilatérale frontopariétale avec des mutations dans le gène GPR56 (récepteur 56 couplé à la G-rootine) dans la région 16q13. En outre, un défaut génétique peut entraîner des phénotypes différents, ce qui rend le diagnostic difficile. Les gènes pour la formation du cytosquelette sont par exemple importants pour la division cellulaire. Si des erreurs se produisent à ce niveau, une microcéphalie peut se produire. Il est plus judicieux de ne plus classer les troubles du développement au niveau des gènes, mais de les organiser en groupes fonctionnels, comme les tubulopathies ou les mitochondriopathies.
Apprendre du poisson zèbre
Le Dr Alex Crawford de Louvain, Belgique, a parlé des “modèles génétiques et chimioconvulsifs de poissons zèbres pour le développement de nouveaux antiépileptiques”. L’objectif du travail du Dr Crawford est de développer un modèle animal capable de fournir des informations sur les différentes crises et leurs mécanismes exacts, mais aussi de montrer le succès thérapeutique des antiépileptiques. Les poissons zèbres se sont révélés très prometteurs dans ce domaine, car les larves disposent déjà d’une colonne vertébrale formée et un animal au développement achevé éclot en 24 heures. En outre, l’efficacité anticonvulsive de substances végétales telles que le curcuma sera testée. L’avis du Dr Crawford sur les perspectives d’avenir de la recherche : “Les perspectives sont formidables”.
Source : 8e Congrès tripartite sur l’épilepsie, 8-11 mai 2013, Interlaken