Depuis deux ans, un nouveau groupe de médicaments est disponible pour le traitement préventif de la migraine. Une aubaine pour beaucoup, puisque la migraine est l’une des maladies les plus invalidantes au monde selon l’OMS. Les anticorps peuvent-ils aider tout le monde ou existe-t-il d’autres options ? Que disent les observations du monde réel sur cette nouvelle possibilité thérapeutique ?
Les violentes crises de maux de tête, généralement unilatérales, qui décrivent une migraine entraînent un stress important pour les personnes qui en souffrent. Plus d’un million de Suisses voient leur qualité de vie considérablement réduite par cette maladie [1]. C’est pourquoi l’OMS considère également la migraine comme la deuxième cause d’années de vie avec incapacité [2]. Pendant la puberté, les filles et les garçons sont touchés à peu près à égalité, mais plus tard, ce sont surtout les femmes qui souffrent de migraines [3]. Les symptômes typiques sont des maux de tête récurrents et violents, généralement unilatéraux et pulsatiles, qui s’aggravent avec l’activité. A cela s’ajoutent souvent des symptômes d’accompagnement tels que la perte d’appétit, les nausées, les vomissements, la photophobie et la sensibilité au bruit. Non traitée, une crise de migraine dure entre quatre et 72 heures [3].
Pour maîtriser rapidement les symptômes, on a recours aux triptans dans le traitement aigu – surtout en cas de douleurs d’intensité moyenne à élevée. Ces préparations spécialement conçues pour la migraine sont disponibles sous forme de gélules, de comprimés, de comprimés à faire fondre, de spray nasal ou de forme d’application sous-cutanée. Cependant, ils ne doivent pas être pris plus de dix jours par mois, sinon il y a un risque de surconsommation de médicaments [4]. Le médicament provoque alors des maux de tête.
Comparaison de la prophylaxie à long terme
Les patients qui subissent plus de trois migraines par mois ou qui ont des crises très sévères ou prolongées devraient envisager une prophylaxie. Outre une thérapie complémentaire non médicamenteuse telle que l’entraînement en endurance aérobie, les thérapies de relaxation ou les mesures de thérapie comportementale, différentes interventions pharmacologiques sont disponibles. Outre les nouveaux anticorps anti-CGRP à action spécifique, il est possible d’utiliser des agents non spécifiques tels que des antidépresseurs, des anticonvulsivants, des bêtabloquants, des antagonistes du calcium ou des substances naturelles comme le magnésium, le coenzyme Q10 ou la vitamine B2. Le choix de la préparation dépend entre autres des comorbidités éventuelles. Par exemple, un bêtabloquant est contre-indiqué chez les patients souffrant d’asthme ou d’hypotension. Il ne doit pas non plus être administré en cas de dépression, tout comme la flunarizine ou le topiramate. Dans d’autres cas, l’effet de réduction de la pression artérielle et du pouls d’un bêtabloquant peut être un effet secondaire tout à fait souhaitable. Dans ce cas, il faut tenir compte des conditions individuelles du patient [4].
Comme la sécrétion de calcitonine GeneRelated Peptide (CGRP) augmente pendant une crise de migraine, c’est là que les nouveaux anticorps interviennent. Les anticorps réduisent le nombre de crises de migraine, tant dans la migraine épisodique que dans la migraine chronique. En Suisse, il existe actuellement trois anticorps monoclonaux qui interagissent avec le CGRP ou son récepteur. Il s’agit notamment de l’érénumab (Aimovig®), du fremanezumab (Ajovy®) et du galcanezumab (Emgality®). L’application se fait par voie sous-cutanée. Entre-temps, les données du monde réel montrent que la bonne efficacité n’est pas seulement obtenue dans les conditions de l’étude. Par exemple, le nombre de jours de migraine par mois a diminué de 6,3 jours par rapport à la valeur initiale sous traitement par erenumab pendant trois mois, avec un taux de réponse de 82,7% [5]. De plus, la qualité de vie a été améliorée. Dans l’ensemble, toutes les substances ont montré une très bonne et rapide efficacité ainsi qu’une bonne tolérance [6].
Littérature :
- Merikangas KR, Cui L, Richardson AK, et al : Magnitude, impact, et stabilité des sous-types de céphalées primaires : étude prospective de 30 ans sur une cohorte suisse. BMJ 2011 ; 343 : d5076 doi : 10.1136/bmj.d5076
- Global burden of disease collaborators, Global, regional, and national incidence, prevalence, and years lived with disability for 328 diseases and injuries for 195 countries, 1990-2016 : a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2016. Lancet 2017 ; 390 : 1211-1259.
- www.tk.de/resource/blob/2088842/66767380cf7cce49b345b06baa704019/kopfschmerzreport-2020-data.pdf (letzter Zugriff am 28.12.2020)
- Recommandations thérapeutiques de la Société suisse des céphalées. Disponible sur : www.headache.ch/download/Content_attachments/FileBaseDoc/SKG_Therapieempfehlungen_2018_DE_15_WEB.pdf (dernier accès le 28.12.2020)
- Koch M, et al : Eur J Neurol 2020;27(1) : Abstr. EPR3045
- Hämmerl L, Kraya T : Ärzteblatt 2020 ; 9 : 18-23.
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2021 ; 19(1) : 20