Cette année, lors de la réunion annuelle de la Société européenne de cardiologie (ESC), outre les dernières découvertes scientifiques, cinq nouvelles lignes directrices ont été présentées sur le diabète, l’embolie pulmonaire aiguë, la tachycardie supraventriculaire, le syndrome coronarien chronique et la dyslipidémie.
L’hypertension, la pollution atmosphérique ou une mauvaise alimentation sont des facteurs qui augmentent considérablement le risque d’événements cardiovasculaires. Près de 70% de toutes les maladies cardiovasculaires peuvent être attribuées à ce facteur. Mais ce n’est pas tout. Les scientifiques ont identifié un total de 14 facteurs de risque influençables. En plus de ceux mentionnés ci-dessus, ces facteurs incluent la graisse abdominale, un faible niveau d’éducation, le tabagisme, la dyslipidémie, le diabète, une faible force de préhension, une faible activité physique, la dépression, une consommation excessive d’alcool et un apport en sodium supérieur à 6 g par jour. Une amélioration préventive de ces points pourrait donc avoir un effet positif sur le risque d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral.
Des chercheurs italiens semblent avoir découvert un autre déclencheur possible d’infarctus du myocarde. Ils ont comparé des patients souffrant d’un syndrome coronarien aigu à des personnes atteintes d’angine de poitrine stable et ont examiné le microbiome et les microbes provenant des plaques coronaires. Alors que les bactéries fécales présentaient surtout des bacteroidetes et des firmicutes, les plaques coronaires montraient surtout des protéobactéries et des actinobactéries. Selon les scientifiques, ces microbes pro-inflammatoires pourraient provoquer des ruptures de plaques, ce qui pourrait entraîner une occlusion vasculaire.
Pleins feux sur les nouvelles lignes directrices
Au total, cinq lignes directrices ont été présentées sur le diabète, l’embolie pulmonaire aiguë, la tachycardie supraventriculaire, le syndrome coronarien chronique et la dyslipidémie. Cette dernière recommande une réduction encore plus agressive du cholestérol LDL à des valeurs inférieures à 55 mg/dl pour les groupes à haut risque. Il s’agit notamment des patients présentant une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse documentée (ASCVD) ou un risque calculé SCORE (Systematic COronary Risk Evaluation) ≥10%, une hypercholestérolémie familiale (FH) associée à une ASCVD ou à un autre facteur de risque important, ainsi que des patients atteints d’une maladie rénale chronique sévère (DFGe <30 ml/min/1,73m2) ou d’un diabète sucré avec atteinte des organes terminaux.
Pour la première fois, des recommandations sur l’exposition limitée à la pollution atmosphérique et sonore ont été incluses dans les guidelines pour le syndrome coronarien chronique. En outre, la modification du mode de vie constitue un axe essentiel de la prise en charge de la maladie. Sur ce point, elles sont en accord avec les nouvelles lignes directrices sur la prise en charge du diabète et du prédiabète. Là encore, la modification du mode de vie constitue une base essentielle pour la prévention primaire et le traitement double de première ligne de l’hypertension.
L’oxygène n’est pas une fatalité
Chez les patients ayant subi un infarctus du myocarde, on a systématiquement recours à l’aspirine. Mais cette mesure n’est pas très efficace, comme le montre une étude à grande échelle portant sur plus de 40 000 patients. Les patients suspectés ou ayant eu un infarctus du myocarde ont été examinés en termes de mortalité à 30 jours. Il s’est avéré que l’administration d’oxygène n’était ni nocive ni utile. Les chercheurs recommandent donc d’administrer de l’oxygène uniquement lorsque la saturation en oxygène est tombée en dessous de 90%.
Détecter une fibrillation auriculaire non diagnostiquée
Selon les résultats d’une analyse de registre, un monitoring continu peut permettre de tirer des conclusions sur une fibrillation auriculaire non diagnostiquée, en particulier après un accident ischémique transitoire (AIT), dont la cause présumée est une embolie, ou après un AVC non diagnostiqué. Chez les 500 patients ayant subi un AVC ou un AIT, l’imagerie cérébrale par IRM ou scanner était en faveur d’un schéma d’origine thromboembolique typique. Ils ont bénéficié d’une surveillance continue du rythme (enregistreur de boucle implantable). Sur une période de 12 mois, une fibrillation auriculaire a été diagnostiquée chez 26,8% des participants. Le fait que les patients aient été victimes d’un AVC ou d’un AIT auparavant n’avait aucune importance.
Prévention secondaire après un pontage coronarien
L’observance thérapeutique des patients ayant subi un pontage coronarien laisse à désirer avec le temps. C’est la conclusion d’une étude qui s’est penchée sur la prévention secondaire en Suède. Si la prise de médicaments est régulière au cours des six premiers mois, elle a nettement diminué au fil du temps. Après huit ans, le taux d’adhésion n’était plus que de 77,3%. Cependant, la prévention secondaire est étroitement associée à la mortalité. Les statines peuvent réduire le risque relatif de mortalité de 44%, les inhibiteurs plaquettaires de 26% et les inhibiteurs du SRAA de 22%. Par conséquent, même les patients âgés de plus de 75 ans, dont il est prouvé qu’ils reçoivent moins souvent des médicaments de prévention secondaire, ne devraient pas être traités différemment des patients plus jeunes.
Source : Réunion annuelle de l’European Society of Cardiology (ESC) 2019
CARDIOVASC 2019 ; 18(5) : 28 (publié le 10.10.19, ahead of print)