En 2017, une méta-analyse des données de 25 essais contrôlés randomisés (ECR) sur la supplémentation en vitamine D pour la prévention des infections respiratoires aiguës (IRA) a mis en évidence un effet protecteur de cette intervention. Le même groupe de chercheurs, dirigé par le Dr David A. Jolliffe, Barts and The London School of Medicine and Dentistry, Queen Mary University, Londres, s’est à nouveau penché sur ce sujet et a examiné plus en détail le lien dans une méta-analyse actualisée.
Par rapport aux travaux de 2017, cette méta-analyse actualisée [1] inclut les données de 18 études supplémentaires achevées depuis décembre 2015. Au total, les données de 48 488 participants issus de 43 études ont été prises en compte. Au final, les chercheurs ont pu rapporter un effet protecteur faible mais significatif d’une supplémentation en vitamine D sur le risque d’une ou plusieurs IRA par rapport au placebo (OR 0,92 ; IC à 95% 0,86-0,99) : Au total, 61,3 % des participants prenant de la vitamine D ont présenté une ou plusieurs infections respiratoires aiguës, contre 62,3 % dans le groupe placebo. (tableau 1).
Contrairement à ce qui avait été observé il y a quatre ans, aucune amélioration de la protection par rapport à la ligne de base n’a été observée chez les participants présentant les concentrations de 25(OH)D les plus faibles. Cependant, il a été prouvé que l’efficacité de la supplémentation en vitamine D – en fonction du schéma posologique, de la durée de l’étude et de l’âge des participants à l’inclusion – était associée à des effets protecteurs associés à l’administration quotidienne de doses de 400 à 1000 UI de vitamine D (prise pendant 12 mois ou moins et à l’âge de 1,00-15,99 ans à l’inclusion) varie. Une analyse exploratoire limitée aux données de cinq essais répondant à ces critères de conception a montré un effet protecteur plus important de la supplémentation en vitamine D par rapport au placebo (OR 0,56 ; IC 95% 0,38-0,82) par rapport à l’analyse principale, sans hétérogénéité significative entre les essais.
Dans l’ensemble, l’ampleur de l’effet protecteur d’une supplémentation en vitamine D sur le risque d’IRA s’avère faible dans la présente analyse (OR 0,92 [95%-KI 0,86–0,99]), ce qui est similaire aux données au niveau des participants individuels (OR ajusté 0,88 [95%-KI 0,81–0,96]) de la méta-analyse précédente. En accord avec l’étude précédente, l’estimation de cet effet était plus faible chez les participants ayant des concentrations de base de 25(OH)D inférieures à 25 nmol/l que chez ceux ayant des concentrations supérieures à 25 nmol/l. Cependant, contrairement aux résultats précédents, aucun effet protecteur significatif de la vitamine D n’a été observé chez les participants présentant les plus faibles concentrations de 25(OH)D à la ligne de base. Cette différence reflète l’inclusion de données nulles provenant de quatre nouveaux ECR dans lesquels la vitamine D a été administrée à des équivalents de dose quotidienne de 2000 UI/jour ou plus à des intervalles hebdomadaires ou mensuels pendant 2 à 5 ans.
Des doses plus faibles protègent mieux
Les résultats nuls de ces études contrastent avec les effets protecteurs rapportés dans des études antérieures dans lesquelles des doses quotidiennes plus faibles de vitamine D ont été administrées sur des périodes plus courtes. Cela pourrait indiquer que la fréquence, la dose et la durée de la supplémentation en vitamine D pourraient être le facteur clé de son effet protecteur contre l’IRA, écrivent les auteurs. Conformément à cette hypothèse, leur méta-analyse a observé des effets protecteurs significatifs d’une supplémentation en vitamine D par rapport à un placebo dans des études où la vitamine D était administrée quotidiennement à des doses de 400-1000 UI/jour et pendant 12 mois ou moins. Les effets protecteurs plus forts de doses plus faibles vs. plus élevées de vitamine D pourraient refléter les effets nocifs de la vitamine D à plus forte dose, par exemple sur son propre métabolisme. Pour étudier ce problème plus en détail, des études en tête-à-tête sont nécessaires chez des personnes réparties de manière aléatoire entre différents régimes de supplémentation en vitamine D, selon les experts.
De manière restrictive, Jolliffe et al. de garder à l’esprit qu’une mise à jour rapide était nécessaire en raison de l’évolution de la pandémie de COVID-19 et que les auteurs ont donc méta-analysé les données agrégées au niveau de l’étude plutôt que les données sur la base des participants individuels. Cela a permis d’avancer rapidement sans les retards qu’aurait entraînés la nécessité de conclure plusieurs accords de partage de données. Cependant, il manquait des informations pour examiner la race ou l’ethnie et l’obésité en tant que modificateurs potentiels de l’effet. Il n’a pas non plus été possible de prendre en compte d’autres facteurs susceptibles d’influencer l’effet protecteur d’une supplémentation en vitamine D dans la prévention des IRA, tels que la prise de la vitamine avec ou sans nourriture.
Littérature :
- Jolliffe DA, et al : Vitamin D supplementation to prevent acute respiratory infections : a systematic review and meta-analysis of aggregate data from randomised controlled trials. Lancet Diabetes Endocrinol 2021 ; 9(5) : 276-292 ; doi : 10.1016/S2213-8587(21)00051-6.
InFo PNEUMOLOGIE & ALLERGOLOGIE 2021 ; 3(3) : 32-33