GENÈVE – Au cours de la 77e Assemblée mondiale de la Santé de l’OMS, la WHF (Fédération mondiale du Cœur) a organisé la rencontre internationale d’experts «L’adhésion thérapeutique: clé de la prise en charge des maladies cardio-métaboliques». D’éminents cardiologues, néphrologues, représentants de patients ainsi que décideurs politiques, scientifiques et économiques ont débattu de l’aspect crucial de l’adhésion thérapeutique dans les maladies cardiovasculaires tout en partageant des stratégies internationales.
Jean-Luc Eiselé, CEO de la WHF, a souligné dans son discours inaugural que l’adhésion thérapeutique constituait l’un des plus grands défis à relever par les systèmes de santé, et plus particulièrement dans le domaine des maladies cardiovasculaires. Les répercussions du manque d’observance des traitements prescrits sont graves car elles ont pour conséquence une aggravation de la condition médicale et une augmentation des dépenses de santé. En 2003 déjà, l’OMS avait attiré l’attention sur la pertinence de mesures d’adhésion et, 21 ans plus tard, ce défi reste entier. Il est regrettable qu’on soit passé à côté du bénéfice qui aurait pu être concrétisé sans occasionner de coûts supplémentaires.
Les discussions plénières ont donné lieu à la présentation de stratégies nationales spécifiques. Le Portugal, un pays où l’incidence des AVC est élevée, a passé une loi limitant la teneur en sel des aliments et mis en œuvre des stratégies de promotion de la compétence des citoyens en matière de santé. L’Inde soutient le domaine ambulatoire sous-financé par des outils informatiques conçus pour améliorer l’observance thérapeutique.
Les experts ont unanimement identifié le recours à des préparations associant plusieurs médicaments antihypertenseurs comme l’un des principaux leviers pour améliorer l’adhésion. Ces médications permettent de réduire la complexité du schéma thérapeutique ainsi que le nombre de comprimés à prendre par le patient. La professeure Belén Ponte, membre du comité de la Société Suisse d’Hypertension, a exposé des stratégies spécifiques de la région genevoise. Les patients y reçoivent aussi des informations sur l’hypertension et les risques de non-adhésion par le personnel de soins qui communique de manière compréhensible sans jargon médical. Dans le cadre d’ateliers éducatifs, il s’est avéré particulièrement efficace de présenter des illustrations pour montrer les complications potentielles d’une non-adhésion. De plus, la pharmacie des Hôpitaux universitaires de Genève a mis en œuvre un programme de discussion et de surveillance de l’observance thérapeutique.
Malgré des initiatives prometteuses, 20 à 30% des hypertendus en Suisse ne prennent pas leur médication actuellement. Le professeur Michel Burnier de l’Université de Lausanne a lancé un appel: «Une stratégie véritablement universelle consiste à parler de l’adhésion, à briser le silence et à prendre en compte la non-adhésion comme prédicteur clé d’une complication potentielle.»
Source:
Communiqué de presse à l’occasion de la rencontre internationale «Adherence to Treatment: An Essential Contribution to Cardiometabolic Disease Management» de la World Heart Federation, 28 mai 2024, Genève.