Au cours des dernières années, les inhibiteurs de tyrosine kinase ciblant l’EGFR se sont imposés comme traitement de première ligne des NSCLC avancés avec mutation de l’EGFR. Cependant, leur rôle dans le traitement adjuvant des stades précoces n’est pas encore clair. Selon les résultats des recherches actuelles, l’osimertinib, l’erlotinib et autres devraient bientôt être de plus en plus utilisés dans ce cadre.
Alors que les thérapies ciblant l’EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor) sont considérées comme la norme de traitement de première ligne du cancer du poumon non à petites cellules (NSCLC) avancé avec mutation de l’EGFR, leur utilisation est plus réservée dans les stades moins avancés de la maladie. Pendant longtemps, une chimiothérapie adjuvante à base de cisplatine a été considérée comme le traitement de choix pour les tumeurs de stade IIA-IIIB après résection, indépendamment du statut mutationnel de l’EGFR [1]. Toutefois, un tel traitement est souvent accompagné d’effets secondaires graves. Ces dernières années, de plus en plus d’études ont été menées pour évaluer l’efficacité et la toxicité des inhibiteurs de la tyrosine kinase (ITK) de l’EGFR dans ce contexte, avec des résultats solides et cliniquement pertinents : Entre-temps, l’osimertinib, un EGFR-TKI, a été approuvé en Suisse et dans l’UE pour le traitement adjuvant des NSCLC à EGFR muté après résection complète de la tumeur [2,3].
Oui à un traitement adjuvant, mais comment ?
Malgré la résection, le taux de survie à 5 ans des patients atteints de NSCLC de stades I à IIIA n’est que de 25 à 73% [4]. Le traitement adjuvant, qui consistait jusqu’à présent en une chimiothérapie à base de cisplatine, joue donc un rôle important. Celle-ci permet d’augmenter le taux de survie à 5 ans d’environ 5% dans les stades II-IIIA, mais présente également une toxicité non négligeable [5]. Les thérapies systémiques alternatives adjuvantes ont donc leur place dans le traitement du NSCLC. Et ils sont déjà disponibles avec l’osimertinib, du moins pour les patients présentant une mutation de l’EGRF. Mais comment les EGFR-TKI s’en sortent-ils par rapport à la chimiothérapie ?
Cette question a été abordée dans une méta-analyse publiée récemment, qui a inclus onze études [6]. Au total, les données de 1900 patients atteints de NSCLC muté par EGRF ont été évaluées. Huit études étaient des études contrôlées randomisées et trois étaient de nature rétrospective. Les résultats de la méta-analyse suggèrent qu’un traitement adjuvant par EGFR-TKI après résection complète pourrait être supérieur aux autres options de traitement adjuvant. Ainsi, des améliorations statistiquement significatives de la survie sans maladie (DFS) et de la survie globale (OS) ont été observées. Les auteurs ont comparé les résultats obtenus avec l’administration adjuvante d’EGFR-TKI (avec ou sans chimiothérapie) à ceux obtenus avec la chimiothérapie seule ou le placebo. Dans l’ensemble, le rapport de risque DFS sous traitement EGFR-TKI était de 0,42 (IC à 95% : 0,31-0,57), celui de la survie globale de 0,62 (IC à 95% : 0,45-0,86). Ces résultats étayent des suppositions déjà issues d’études antérieures et plaident en faveur de l’utilisation des EGFR-TKI, jusqu’ici controversée, même à des stades moins avancés de la maladie [7–10].
De nombreuses questions en suspens
Même si l’utilisation adjuvante des EGFR-TKI dans le NSCLC s’avère jusqu’à présent prometteuse, de nombreuses questions restent en suspens. Par exemple, on ne sait toujours pas à quel stade les patients bénéficient le plus d’un traitement ciblant l’EGFR. De plus, la durée exacte du traitement et le schéma thérapeutique optimal doivent encore être évalués. Entre autres, la question se pose également de savoir si et dans quels cas une combinaison avec une chimiothérapie adjuvante, une radiothérapie ou même une thérapie anti-VEGF est judicieuse.
Littérature :
- Kris MG, et al : Adjuvant Systemic Therapy and Adjuvant Radiation Therapy for Stage I to IIIA Completely Resected Non-Small-Cell Lung Cancers : American Society of Clinical Oncology/Cancer Care Ontario Clinical Practice Guideline Update. Journal of Clinical Oncology. 2017 ; 35(25) : 2960-2974.
- Information sur les médicaments de Swissmedic. www.swissmedicinfo.ch (dernier accès le 31.07.2021)
- Griesinger F, et al : Ligne directrice Onkopedia Cancer du poumon, non à petites cellules (NSCLC). Situation en juillet 2021. www.onkopedia.com/de/onkopedia/guidelines/lungenkarzinom-nicht-kleinzellig-nsclc/@@guideline/html/index.html#ID0EY2AG (dernier accès le 31.07.2021)
- Vansteenkiste J, et al : 2nd ESMO Consensus Conference on Lung Cancer : early-stage non-small-cell lung cancer consensus on diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol. 2014 ; 25(8) : 1462-1474.
- Chimiothérapie préopératoire pour le cancer du poumon non à petites cellules : une revue systématique et une méta-analyse des données des participants individuels. The Lancet. 2014 ; 383(9928) : 1561-1571.
- Yin Q, et al : Efficacité des inhibiteurs de la tyrosine kinase du récepteur du facteur de croissance épidermique en traitement adjuvant chez les patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules avec mutant du récepteur du facteur de croissance épidermique réséqué : une méta-analyse de 11 essais. Recherche et traitement en oncologie. 2021 ; 44(6) : 344-353.
- Lv C, et al : A Retrospective Study of Stage I to IIIa Lung Adenocarcinoma After Resection : What Is the Optimal Adjuvant Modality for Patients With an EGFR Mutation ? Clinical Lung Cancer. 2015 ; 16(6) : e173-e181.
- Xie H, et al : Gefitinib Versus Adjuvant Chemotherapy in Patients With Stage II-IIIA Non-Small-Cell Lung Cancer Harboring Positive EGFR Mutations : A Single-Center Retrospective Study. Clinical Lung Cancer. 2018 ; 19(6) : 484-492.
- Zhong WZ, et al : Gefitinib versus vinorelbine plus cisplatine en tant que traitement adjuvant pour le stade II-IIIA (N1-N2) EGFR-mutant NSCLC (ADJUVANT/CTONG1104) : une étude randomisée, en ouvert, phase 3. Lancet Oncol. 2018 ; 19(1) : 139-148.
- Yue D, et al : Erlotinib versus vinorelbine plus cisplatine en tant que traitement adjuvant chez les patients chinois atteints de cancer du poumon non à petites cellules muté positif de stade IIIA (EVAN) : un essai de phase 2 randomisé, en ouvert. The Lancet Respiratory Medicine. 2018 ; 6(11) : 863-873.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2021 ; 16(9) : 52
InFo ONKOLOGIE & HÉMATOLOGIE 2021 ; 9(4) : 42
InFo PNEUMOLOGIE & ALLERGOLOGIE 2021 ; 3(4) : 32