Le Swiss Oncology and Hematology Congress (SOHC) s’est tenu à Bâle du 22 au 24 novembre 2023. Cette année, les patientes et les patients atteints de leucémie lymphoïde chronique (LLC) ont reçu de bonnes nouvelles: outre les thérapies en continu par iTKB et chimiothérapies, l’association thérapeutique du vénétoclax et de l’obinutuzumab est autorisée en traitement de première ligne depuis le 16 novembre 2023 [1]. Selon les données d’études, ce schéma thérapeutique permet à la majorité des patientes et des patients atteints de LLC de vivre sans traitement pendant plus de cinq ans après une durée de traitement fixée à moins d’un an [2].
La LLC touche souvent des patientes et des patients âgés souffrant de comorbidités. C’est la raison pour laquelle il faut chercher à mettre en place un traitement efficace mais bien toléré [3]. Le choix du traitement de première ligne s’effectue en fonction des comorbidités spécifiques limitant le traitement (notamment les maladies cardiaques et rénales) ainsi que du statut moléculaire et cytogénétique [4]. Lors de son exposé réalisé à l’occasion du SOHC, le Dr méd. Othman Al-Sawaf a donné un aperçu du paysage thérapeutique de la LLC et a présenté les données actuelles à ce sujet [2].
Traitement de première ligne de la LLC: où en sommes-nous?
Le Dr méd. Al-Sawaf a tout d’abord présenté les stratégies de traitement de première ligne de la LLC. Chez les patientes et les patients se trouvant aux stades précoces de la LLC et présentant un risque de progression de la maladie, la stratégie dite de «Watch&Wait» reste valable. Le traitement par l’ibrutinib a certes permis de prolonger la survie sans progression (SSP) par rapport au placebo, mais il n’y a pas eu d’amélioration en termes de survie globale (SG) [5]. En ce qui concerne le traitement de la LLC active, le Dr méd. Al-Sawaf a d’abord présenté trois études portant sur le traitement continu par les iTKB ibrutinib, acalabrutinib et zanubrutinib par rapport à l’immunochimiothérapie ou à la chimiothérapie (ChT). Tous les iTKB se sont révélés plus efficaces que le traitement de comparaison, indépendamment des sous-groupes et des mutations, en particulier en ce qui concerne la SSP [6-8]. Un suivi prolongé a également permis de constater un avantage en termes de SG après un traitement par iTKB [9]. En outre, les iTKB ont été mieux tolérés que la ChT en termes de toxicité, bien qu’une augmentation des cas de fibrillation auriculaire, d’hypertension, d’hémorragies et de neutropénie doive être prise en considération [7-9]. En dernier lieu, le Dr méd. Al-Sawaf a averti que les thérapies continues peuvent favoriser le développement de résistances, ce qui peut entraîner une LLC réfractaire [10, 11].
Schémas de traitement définis pour une période sans traitement plus étendue
Selon le Dr méd. Al-Sawaf, le recours à des thérapies à durée déterminée plutôt qu’à une administration continue du traitement pourrait empêcher le développement d’une résistance [11]. Il a ensuite présenté deux études portant sur le traitement combiné à base de vénétoclax (Venclyxto®), un iBCL2, limité à un an, en première ligne de traitement [2, 12]. Ces deux études ont montré que, chez les patientes et les patients atteints de LLC non précédemment traités, le traitement combiné par le vénétoclax et l’obinutuzumab (Ven-Obi) a permis d’obtenir une SSP significativement plus longue que l’immunochimiothérapie après un suivi médian de respectivement 76,4 mois (étude CLL14) et 38,8 mois (étude CLL13). De plus, le suivi à long terme n’a révélé que peu de toxicités après la fin du traitement [2, 12]. En outre, 65,2% des sujets du groupe de patients âgés à la santé fragile issus de l’étude CLL14 n’ont toujours pas requis de traitement ultérieur 5 ans après la fin du traitement par l’association Ven-Obi (fig. 1) [2]. Selon le Dr méd. Al-Sawaf, la thérapie par l’association Ven-Obi offre donc aux patientes et aux patients un bénéfice important en termes de période sans traitement et sans effets secondaires par rapport aux thérapies continues. En raison des données de qualité disponibles, le vénétoclax est désormais autorisé en Suisse depuis le 16 novembre 2023 en association avec l’obinutuzumab pour le traitement des adultes atteints d’une LLC non précédemment traitée et présentant des comorbidités [1].

Figure 1) Délai jusqu’au prochain traitement anti-LLC sous vénétoclax et obinutuzumab (Ven-Obi; en jaune) par rapport à l’immunochimiothérapie par chlorambucil et obinutuzumab (Clb-Obi; en gris). EoT = fin du traitement (end of treatment), TTNT = délai jusqu’au prochain traitement (time to next treatment). * 336 jours en traitement de première ligne par l’association Ven-Obi. Adapté d’après Al-Sawaf et al. 2023 [2].
LLC réfractaire récidivante – et maintenant?
En dernier lieu, le Dr méd. Al-Sawaf a abordé les options thérapeutiques en cas de LLC réfractaire récidivante et a présenté trois options thérapeutiques possibles: une alternance entre différents
iTKB [13], une alternance entre iTKB et iBCL2 [14], ou une reprise du même traitement par iBCL2 en cas de LLC réfractaire après la période sans traitement [15]. Même dans le cadre de ces deux dernières options, les associations à base de vénétoclax ont jusqu’à présent montré une bonne efficacité en termes de réponse globale et de SSP [14, 15]. Selon le Dr méd. Al-Sawaf, les besoins non satisfaits les plus importants se situent encore au niveau du traitement de la LLC multiréfractaire. Les personnes concernées par cette situation ont jusqu’ici présenté de mauvais résultats thérapeutiques, ce qui souligne l’importance de nouvelles approches thérapeutiques [16].
Conclusion
En résumé, les patientes et les patients atteints de LLC nouvellement diagnostiquée ont aujourd’hui accès à des traitements de première ligne efficaces. Avec la nouvelle autorisation de l’association thérapeutique vénétoclax-obinutuzumab en Suisse, une grande partie des patientes et des patients atteints de LLC vivent désormais dans la perspective d’une période sans traitement de plus de cinq ans après moins d’un an de traitement [2]. En revanche, en cas de LLC réfractaire, il reste encore du travail à faire pour optimiser les séquences thérapeutiques, surtout en ce qui concerne la LLC multiréfractaire [14, 16].
Abréviations : iBCL2 = inhibiteur de B-cell lymphoma 2; iTKB = inhibiteur de la tyrosine kinase de Bruton.
Source : Swiss Oncology and Hematology Congress; Congress Center de Bâle; 22 – 24 novembre 2023
Information professionnelle abrégée de VENCLYXTO®
Cet article a bénéficié du soutien financier d’AbbVie SA, Alte Steinhauserstrasse 14, Cham.
CH-VNCLY-240007 02/2024
Références
1. Information professionnelle actuelle de Venclyxto®, www.swissmedicinfo.ch.
2. Al-Sawaf, O.,Optimizing treatment strategies for patients with chronic lymphocytic leukemia (CLL). Presented at the Swiss Oncology and Hematology Congress 2023; November 22-24, Basel, Switzerland.
3. Fischer, K., et al., Venetoclax and Obinutuzumab in Patients with CLL and Coexisting Conditions. N Engl J Med, 2019. 380(23): p. 2225-2236.
4. Eichhorst, B., Lymphom-News vom ICML 2023 Lugano & Virtual, Kompetenznetz maligne Lymphome https://lymphome.de/kongresse/detail/icml2023; dernière consultation : 06.12.2023.
5. Langerbeins, P., et al., The CLL12 trial: ibrutinib vs placebo in treatment-naïve, early-stage chronic lymphocytic leukemia. Blood, 2022. 139(2): p. 177-187.
6. Burger, J.A., et al., Ibrutinib as Initial Therapy for Patients with Chronic Lymphocytic Leukemia. N Engl J Med, 2015. 373(25): p. 2425-37.
7. Sharman, J.P., et al., Acalabrutinib with or without obinutuzumab versus chlorambucil and obinutuzmab for treatment-naive chronic lymphocytic leukaemia (ELEVATE TN): a randomised, controlled, phase 3 trial. Lancet, 2020. 395(10232): p. 1278-1291.
8. Tam, C.S., et al., Zanubrutinib versus bendamustine and rituximab in untreated chronic lymphocytic leukaemia and small lymphocytic lymphoma (SEQUOIA): a randomised, controlled, phase 3 trial. Lancet Oncol, 2022. 23(8): p. 1031-1043.
9. Barr, P.M., et al., Up to 8-year follow-up from RESONATE-2: first-line ibrutinib treatment for patients with chronic lymphocytic leukemia. Blood Adv, 2022. 6(11): p. 3440-3450.
10. Ahn, I.E., et al., Clonal evolution leading to ibrutinib resistance in chronic lymphocytic leukemia. Blood, 2017. 129(11): p. 1469-1479.
11. Fürstenau, M., M. Hallek, and B. Eichhorst, Sequential and combination treatments with novel agents in chronic lymphocytic leukemia. Haematologica, 2019. 104(11): p. 2144-2154.
12. Eichhorst, B., et al., First-Line Venetoclax Combinations in Chronic Lymphocytic Leukemia. N Engl J Med, 2023. 388(19): p. 1739-1754.
13. Rogers, K.A., et al., Phase II study of acalabrutinib in ibrutinib-intolerant patients with relapsed/refractory chronic lymphocytic leukemia. Haematologica, 2021. 106(9): p. 2364-2373.
14. Mato, A.R., et al., Optimal sequencing of ibrutinib, idelalisib, and venetoclax in chronic lymphocytic leukemia: results from a multicenter study of 683 patients. Ann Oncol, 2017. 28(5): p. 1050-1056.
15. Thompson, M.C., et al., Venetoclax retreatment of patients with chronic lymphocytic leukemia after a previous venetoclax-based regimen. Blood Adv, 2022. 6(15): p. 4553-4557.
16. Lew, T.E., et al., Outcomes of patients with CLL sequentially resistant to both BCL2 and BTK inhibition. Blood Adv, 2021. 5(20): p. 4054-4058.
Les références peuvent être demandées par les professionnels de la santé en écrivant à medinfo.ch@abbvie.com.
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