Il se passe beaucoup de choses dans le paysage des néoplasies hématologiques. Cette année, plusieurs études susceptibles de modifier les normes ont pu être présentées au congrès sur . Les résultats de ces études ont été publiés sur le site Internet de l’OMS. En accord avec l’ambition du congrès annuel de l’Association européenne d’hématologie, qui vise à mettre en pratique les approches diagnostiques et thérapeutiques les plus modernes, basées sur des preuves, ainsi que les derniers développements de la recherche.
Les 30 ans de l’EHA ont été particulièrement fêtés cette année. Des résultats d’études révolutionnaires ont été présentés, en particulier dans le domaine des néoplasies hématologiques. Les hémopathies malignes ne représentent qu’environ 7% de toutes les tumeurs, mais elles constituent toujours un défi majeur pour les praticiens. Les symptômes très hétérogènes exigent un diagnostic précis et une prise en charge thérapeutique très ciblée afin d’obtenir le meilleur pronostic possible pour les patients. C’est pourquoi on a de plus en plus souvent recours à des traitements combinés afin de pouvoir exploiter les effets additifs des différents paramètres.
Dans la leucémie myéloïde aiguë FLT3-IDT+, par exemple, une chimiothérapie intensive associée au quizartinib a permis de prolonger la survie globale. Dans le cas du syndrome PI3Kδ activé, l’inhibiteur spécifique de la PI3Kδ, le leniosilic, a entraîné une augmentation des lymphocytes B naïfs, ce qui a permis de réduire la lymphadénopathie et la cytopénie. Les patients atteints de myélofibrose primaire ou secondaire, symptomatique et nécessitant un traitement, bénéficient d’un traitement par momelotinib, un inhibiteur de JAK1/2, après un traitement préalable par inhibiteurs de JAK. Celle-ci a pu obtenir une réduction de la symptomatologie et de la taille de la rate, ainsi qu’une augmentation de l’indépendance transfusionnelle.
Focus sur le myélome multiple
Des résultats d’études passionnants ont également été présentés sur le myélome multiple (MM). La triple association lénalidomide, bortézomib et dexaméthasone (RVd) a longtemps été la norme thérapeutique pour les patients atteints d’un MM nouvellement diagnostiqué et susceptibles d’être transplantés. L’association du RVd avec une autogreffe de cellules souches et le maintien du lénalidomide jusqu’à la progression a maintenant été étudiée plus en détail. Elle a entraîné une augmentation de 21,4 mois de la durée médiane de survie sans progression par rapport au RVd seul. Cependant, la survie globale n’a pas été prolongée.
L’administration d’un anticorps anti-CD38 en plus du RVd semble prometteuse. Une étude de phase III a permis de mieux cerner l’efficacité de l’association isatuximab-RVd dans le traitement d’induction. L’objectif était de déterminer si le traitement quadruple permettait de réduire au maximum l’activité de la maladie et d’obtenir une MRD (maladie résiduelle mesurable) négative aussi importante que possible. L’obtention d’une MRD négative a été définie comme la non-détection d’une maladie résiduelle dans la moelle osseuse avant la thérapie à haute dose suivie d’une transplantation autologue de cellules souches du sang. La négativité de la MRD est un critère clinique important, associé à une amélioration des résultats. Ceci est particulièrement important pour la présente clientèle de patients qui rechutent souvent. Il a été démontré que la combinaison de quatre médicaments entraînait une réponse plus faible après l’induction et que le bénéfice en termes de MRD était cohérent. Les taux de négativité de la MRD dans la moelle osseuse après le traitement d’induction étaient de 50,1% contre 35,6% sous RVd. Aucune influence significative sur le profil de sécurité n’a été détectée suite à l’administration supplémentaire de l’anticorps anti-CD38. Les taux de tous les événements indésirables observés ont été de 63,6% pour l’association isatuximab contre 61,3% pour le RVd, et les effets indésirables graves et les abandons ont été similaires dans les deux bras de l’étude (34,8% et 36,3% respectivement). L’étude se poursuivra avec une analyse plus approfondie de la survie sans progression après les prochaines étapes du traitement.
Comparaison des traitements du lymphome de Burkitt
On parle de lymphome de Burkitt à haut risque lorsque les patients présentent des taux élevés de LDH, un statut de performation WHO ≥2, un stade III/IV ou une masse tumorale d’au moins 10 cm de diamètre. Le problème de cette maladie est qu’il n’existe actuellement aucun standard thérapeutique. En fin de compte, il existe un choix entre deux immunothérapies. Le R-CODOX-M/R-IVAC est une gestion de traitement à haute dose, alors que le DA-EPOCH-R est moins agressif et a donc tendance à être moins efficace. Cette hypothèse a maintenant été contredite par une comparaison directe. EPOCH-R à dose adaptée a permis d’obtenir les mêmes taux de rémission et de survie à deux ans que R-CODOX-M/R-IVAC, mais a été associé à moins d’effets secondaires.
Congrès : EHA 2022
InFo ONKOLOGIE & HÉMATOLOGIE 2022 ; 10(4) : 22