Il y a quelques semaines, on a pu lire une fois de plus que nos jeunes collègues hospitaliers devaient effectuer soixante heures par semaine, malgré la loi sur le travail, et qu’ils étaient ainsi poussés à la limite de leurs capacités.
Un médecin-chef m’a récemment rapporté qu’en l’espace d’un an, deux internes avaient quitté l’hôpital en raison d’un burnout. Ces nouvelles m’amènent à me demander si nous admettons le bon cinquième des candidats aux études de médecine. Les compétences évaluées par le test d’aujourd’hui doivent certainement être présentes. Le test ne permet toutefois pas de savoir si le candidat dispose de la robustesse nécessaire pour exercer effectivement la profession de médecin. Il est tout de même étonnant que des médecins âgés de 25 à 35 ans ne soient plus en mesure d’effectuer temporairement plus de cinquante heures de travail par semaine.
Il est quasiment certain qu’à l’avenir, le nombre de médecins en activité sera insuffisant. La demande de services médicaux va également augmenter en raison de l’allongement de l’espérance de vie des populations. La pression du travail va donc augmenter de manière démesurée et les futurs collègues seront sollicités, équilibre entre vie professionnelle et vie privée ou pas.
En 2013, 5367 jeunes se sont inscrits au test d’aptitude en Suisse et 693 d’entre eux devraient être conduits à l’examen d’État de médecine. Le numerus clausus pour les études de médecine existe depuis 14 ans. Il a été démontré que le nombre d’abandons d’études est très faible depuis l’introduction du test. Je pense toutefois que le diplôme ne doit pas être considéré isolément. Nous avons appris en médecine que le bénéfice d’un antihypertenseur ne doit pas être mesuré uniquement par son effet antihypertenseur, mais qu’il faut évaluer la réduction de la morbidité et de la mortalité. Par conséquent, si nous formons des personnes intelligentes et théoriquement compétentes en matière de relations sociales pour devenir médecins, elles devraient également être en mesure de fournir des prestations supérieures à la moyenne. Ils doivent donc en plus être robustes physiquement et psychologiquement. Dans l’économie et l’industrie, les hommes et les femmes de 30 ans qui assument des responsabilités travaillent souvent entre soixante et soixante-dix heures par semaine et accomplissent des tâches parfois extrêmement exigeantes et responsables sur le plan intellectuel et social. Beaucoup d’entre eux fondent une famille entre 30 et 40 ans.
Conclusion : le test d’aptitude, aujourd’hui trop scolaire et trop cérébral, doit être complété. Idéalement, les candidats aux études devraient en outre être soumis à un test d’aptitude physique et psychologique dans un centre d’évaluation professionnel. Il va de soi que les exigences devraient être adaptées en cas d’éventuelle limitation physique.
Les places d’études resteront limitées, car les places de formation clinique ne peuvent pas être créées de manière illimitée, même avec des moyens financiers importants. Nous ferions donc bien de former à l’avenir les jeunes médecins qui seront physiquement et psychologiquement en mesure de réussir leurs études et de traiter plus tard notre population avec compétence, tant sur le plan humain que professionnel, sous une pression de travail accrue, sans subir eux-mêmes de dommages.
Cordialement, votre
Dr. med. Josef Widler
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2014 ; 9(5) : 1