Dans une étude rétrospective non interventionnelle de la clinique et polyclinique de dermatologie et d’allergologie de l’université technique de Munich, il a été possible de montrer, au sein d’un grand collectif de patients, grâce à une expertise dermatologique spécialisée des modifications cutanées et de l’évolution, que les réactions ne se limitaient pas à certains vaccins, qu’elles étaient d’origine non allergique et qu’elles pouvaient être classées en modèles de réaction connus.
Au total, 83 patients ont été inclus, qui se sont présentés à la clinique en raison de lésions cutanées apparues dans les 30 jours suivant la vaccination Covid-19 (âge moyen 47,3 ans ± 18,3 ans ; 71,1% de femmes). Plus d’une réaction cutanée a été rapportée par 10 patients (8 femmes, 2 hommes). La plupart des patients ont reçu BNT162b2 (57 ; 68,7%) avant l’apparition initiale des lésions cutanées, suivi par mRNA-1273 (12 ; 14,5%), ChAdOx1 (11 ; 13,3%), Ad26.COV2.S (2 ; 2,4%) et CVnCoV (CureVac, testé cliniquement en Allemagne) (1 ; 1,2%).
Date d’occurrence
Les lésions cutanées ont été classées selon le type de réaction (Fig. 1). 62,0% des réactions cutanées sont apparues initialement après la première vaccination, 28,3% seulement après la deuxième vaccination et 9,8% après la troisième vaccination. Dans ces derniers cas, la première et/ou la deuxième vaccination auraient été bien tolérées. 72,8% des réactions cutanées se sont manifestées au cours de la première semaine après la vaccination, dont 16,3% le jour même de la vaccination et 21,7% au cours de la deuxième semaine après la vaccination. Le délai médian d’apparition des réactions était de 3 jours. Les réactions d’hypersensibilité immédiate telles que l’urticaire sont surtout apparues au cours de la première semaine avec un délai médian d’un jour, tandis que les maladies inflammatoires chroniques de la peau sont apparues plus tard avec un délai médian de 7 jours (p=0,02).
Évolution clinique
Un traitement a été nécessaire dans 83,9% des cas. Les antihistaminiques (56,3%), les glucocorticostéroïdes topiques (46,3%) et systémiques (35,0%) ont été utilisés. Dans 19,4% des cas, une hospitalisation a été nécessaire. Dans 77,4% des cas, les lésions cutanées n’étaient que temporaires et ont complètement disparu au cours de l’évolution, alors que dans 22,6% des cas, elles n’avaient pas complètement disparu lors de la dernière présentation. 51,2% n’ont pas eu de nouvelles réactions cutanées après la vaccination de suivi, quatre des patients ayant reçu une prémédication (prise prophylactique d’antihistaminiques ou de 10 mg de prednisolone au moment de la deuxième vaccination). Chez 48,8% (21/43), les réactions cutanées signalées précédemment sont également apparues au cours de la première semaine suivant la vaccination de suivi. Les réactions d’hypersensibilité immédiate (34 réactions vaccinales : 26 urticaire, 4 flush, 3 prurit, 1 angioedème) représentaient également la majorité des réactions dans cette cohorte de patients. Des tests cutanés diagnostiques ont été effectués chez 15 patients à des fins d’évaluation allergologique. Les résultats sont toujours négatifs et n’indiquent pas qu’une allergie immédiate sous-jacente soit à l’origine des réactions cutanées.
Conclusion
La réapparition de la même lésion cutanée lors de la vaccination suivante chez environ la moitié des patients plaide contre une association temporelle purement fortuite des deux événements. Les réactions cutanées ne sont pas réapparues à chaque vaccination de suivi, ce qui indique qu’il est possible que la vaccination déclenche des réactions cutanées principalement chez les patients prédisposés à ces réactions ou aux maladies cutanées. La majorité des réactions ont été légères et autolimitées, nécessitant généralement un traitement symptomatique.
Source :
- Wang R, et al. : Évaluation dermatologique des changements cutanés après la vaccination contre le COVID-19 – une étude monocentrique en Allemagne. JDDG 2023 ; 21(3) : 255-264.
DERMATOLOGIE PRATIQUE ; 33(3) : 32 (publié le 11.6.23, ahead of print)