L’angio-œdème héréditaire (AOH) est une maladie génétique rare qui provoque, à intervalles irréguliers, des gonflements récurrents de la peau, des muqueuses ou de différents organes internes. Les directives internationales recommandent une prophylaxie à long terme par lanadelumab ou bérotralstat comme traitement de première ligne. L’étude INTEGRATED a évalué l’efficacité du lanadelumab et les effets de l’extension de l’intervalle de dose dans un contexte de monde réel.
Le système kallikréine-kinine et le produit final de cette voie métabolique, la bradykinine, jouent un rôle central dans l’étiologie de l’angio-œdème héréditaire (AOH). Les effets du lanadelumab – un anticorps monoclonal entièrement humanisé – sont dus à sa liaison à la kallicréine plasmatique, ce qui réduit la formation de bradykinine. En Suisse et dans d’autres pays européens, le lanadelumab (Takhzyro®) est autorisé pour la prophylaxie des crises récurrentes d’AOH chez les patients de plus de 12 ans. La dose initiale recommandée est de 300 mg toutes les deux semaines (q2w). Markus Magerl, Allergie-Centrum-Charité-Universitätsmedizin Berlin, a expliqué que “si les patients ne font pas de crises, l’intervalle d’administration peut être étendu à quatre semainesa “. L’étude INTEGRATED a en outre montré qu’une extension individualisée à d’autres intervalles de dose fonctionne également (fig. 1).
a Intervalle de dose 4 semaines=q4w
Ajustement de l’intervalle entre les doses de lanadelumab au cours de l’étude
L’étude a porté sur 198b patients âgés de plus de 12 ans atteints d’AOH de type I ou II et ayant commencé un traitement prophylactique à long terme (LTP) par lanadelumab entre novembre 2017 et octobre 2021. Parmi eux, 182 (91,9%) étaient atteints d’AOH de type I et 16 (8,1%) d’AOH de type II. L’âge moyen était de 43,4 ans, 61,6% étaient des femmes et 30,8% avaient des antécédents d’attaques mettant en jeu le pronostic vital. En moyenne, le nombre de crises à la ligne de base était de 35,8 sur une période de 12 mois. La durée médiane du traitement par lanadelumab a été de 28,8 mois (intervalle interquartile : 20,4-35,7). 96% des patients étaient toujours traités par lanadelumab à la fin de la collecte de données. Si l’on considère les intervalles de doses, on constate que 6 mois après le début du lanadelumab LTP, 30% des patients sont déjà passés à un intervalle >2 semaines. 9,1% avaient un intervalle de quatre semaines et 8,1% un intervalle de trois semaines ; 12,2% sont passés à un autre intervalle. Au fur et à mesure que l’étude progressait, un nombre croissant de patients ont vu l’intervalle de dose q2w s’allonger (Fig. 1). 36 mois après Baselinec, le pourcentage de ceux qui avaient un intervalle de 2 semaines n’était que de 26,7%. “Les autres avaient des intervalles plus longs – quatre semaines pour la plupart, trois semaines pour certains, huit semaines ou d’autres intervalles”, a déclaré le conférencier.
b Allemagne n=76, France n=86, Autriche n=14, Grèce n=22
c avant le début du Lanadelumab LTP
Conclusion : le lanadelumab a amélioré l’absence de crises
Les critères d’évaluation primaires comprenaient l’efficacité du lanadelumab sur le taux cumulatif et mensuel sans crise (AFR) et l’effet de l’augmentation de l’intervalle entre les doses (q2w) sur l’AFR. L’analyse finale suggère que le lanadelumab LTP améliore considérablement l’AFR. Les AFR mensuels se situaient entre 16,2% et 28,3% pendant la période précédant l’événement d’indexation et entre 82,7% et 84,8% par la suite (mois 1 et 2), allant jusqu’à >95% (mois 26, 36, 38, 39 et 41+). Aucun des patients n’a eu de crise mettant sa vie en danger après l’événement index.
d Événement index = début du Lanadelumab LTP
Source : “Real-world Effectiveness of Lanadelumab in European Patients with HAE Type I/II : Results from the Retrospective INTEGRATED Study”, Prof Dr med. Markus Magerl, Flash Talks 000786. EEACI Annual Meeting, 9–11 June 2023.
DERMATOLOGIE PRAXIS 2023; 33(4): 25
Photo de couverture : LucyHAE, wikimedia |