Les cancers cutanés clairs sont les cancers les plus fréquents chez les personnes à peau claire. Ils se produisent chez au moins 200 personnes sur 100 000 par an en France, principalement le carcinome basocellulaire et le carcinome épidermoïde cutané. Même si les perspectives de guérison sont très bonnes par rapport au cancer noir de la peau, le cancer de la peau clair ne doit pas être sous-estimé. Un entretien avec le professeur Ralf Gutzmer, Minden (Allemagne).
Le carcinome basocellulaire et le carcinome épidermoïde cutané sont les cancers les plus fréquents chez les personnes à peau claire. Comment se fait-il que les cancers cutanés clairs soient si souvent sous-estimés ?
Ralf Gutzmer, professeur de médecine : Le fait que les cancers cutanés clairs soient souvent sous-estimés est dû à plusieurs facteurs. D’une part, ils se développent lentement, souvent sur plusieurs années, et leur croissance est limitée à certaines régions. Cela signifie qu’il n’y a pas de métastases dans d’autres organes ou qu’elles ne se produisent que très tardivement. En conséquence, le cancer de la peau clair ne met que tardivement la vie en danger. Mais en même temps, il a une morbidité élevée, c’est-à-dire qu’il implique une charge de morbidité importante. D’une part, le cancer de la peau clair n’apparaît souvent pas à un seul endroit, mais à plusieurs endroits, notamment au niveau de la peau exposée à la lumière, ce que l’on appelle la “cancérogenèse de terrain”. D’autre part, il peut réduire considérablement la qualité de vie en raison des saignements, des suintements ou des odeurs.
Quelle est l’expérience des médecins et des hôpitaux avec les patients atteints d’un cancer de la peau clair ?
Les personnes âgées sont souvent touchées, le cancer de la peau claire se développe sur plusieurs décennies. La lenteur de l’évolution est également une autre raison pour laquelle le cancer de la peau clair est souvent sous-estimé. Chez les personnes âgées atteintes, la question se pose souvent de savoir si un traitement doit encore être entrepris compte tenu de leur âge et de leurs antécédents médicaux. Cela conduit parfois à des situations très difficiles lorsque les patients arrivent dans les hôpitaux à un stade avancé, parce qu’en raison de la morbidité croissante, un traitement est nécessaire et souhaité malgré l’âge avancé et les comorbidités.
Quels sont les premiers signes d’un cancer de la peau clair ? Le dépistage est-il utile ?
Le cancer de la peau clair peut se manifester par une desquamation, un saignement, un suintement et la croissance d’une lésion cutanée nodulaire qui s’ouvre progressivement – c’est-à-dire s’ulcère. Un dépistage précoce a du sens.
Quels sont les traitements possibles et quelles sont les chances de guérison ?
Pour les stades précancéreux du cancer de la peau claire qui sont encore limités aux couches externes de la peau, comme un carcinome in situ ou une kératose actinique, il existe différents traitements locaux. Celles-ci incluent le gel, la thérapie au laser et différentes thérapies par pommade et une thérapie photodynamique. Si un cancer de la peau clair a été diagnostiqué en l’absence de lésions précancéreuses, il existe plusieurs options de traitement. Pour les carcinomes basocellulaires invasifs et les carcinomes épidermoïdes cutanés, la chirurgie est la première solution envisageable. Cela permet de guérir la majorité des tumeurs lorsqu’elles sont enlevées précocement.
Et si l’opération n’est pas possible ?
Si la chirurgie n’est pas envisageable, la radiothérapie ou, dans le cas de lésions localement avancées ou de métastases à distance, un traitement médicamenteux constituent des options thérapeutiques. Si un tel traitement s’avère nécessaire, il est préférable de se présenter dans un centre certifié de lutte contre le cancer de la peau, car les différentes méthodes de traitement – chirurgie, radiothérapie et traitement médicamenteux – y sont évaluées dans le cadre de conférences tumorales interdisciplinaires et une recommandation individuelle est faite.
Dans le cas du cancer de la peau clair avancé, on parle d’une nouvelle ère grâce à ce que l’on appelle les inhibiteurs de point de contrôle. Qu’est-ce que cela signifie ?
Lorsqu’une tumeur est à un stade si avancé qu’elle ne peut plus être maîtrisée par des mesures locales telles que la chirurgie et la radiothérapie, les différentes maladies tumorales regroupées sous le terme de cancer de la peau clair concernent relativement peu de patients. Dans la situation particulière d’un stade avancé, elles doivent être présentées dans des centres certifiés pour les tumeurs cutanées, dans le cadre de conférences tumorales interdisciplinaires correspondantes, afin de formuler des recommandations thérapeutiques individuelles. Si un traitement médicamenteux est recommandé, les inhibiteurs de points de contrôle sont souvent le traitement de choix. Ils sont autorisés pour les carcinomes épidermoïdes cutanés avancés ainsi que pour les carcinomes basocellulaires avancés qui ne répondent pas ou ne sont pas tolérés par un traitement avec des substances ciblées, les inhibiteurs de Hedgehog tels que le sonidegib et le vismodegib. Dans ce domaine, les inhibiteurs de points de contrôle ont en effet défini une nouvelle ère. Globalement bien tolérés, ils entraînent une régression et un contrôle à long terme de la tumeur chez environ 50% des patients atteints de carcinome épidermoïde avancé et environ 30% des patients atteints de carcinome basocellulaire avancé. En ce sens, ils ont permis une nette amélioration des options thérapeutiques.
Tous les patients ne répondent pas encore à ces thérapies. Quels sont les développements futurs ?
Nous continuons à essayer d’améliorer les options thérapeutiques dans le cadre d’études. Là encore, il est essentiel de se présenter dans un centre certifié de lutte contre le cancer de la peau afin d’obtenir l’option de participer à une étude et de bénéficier ainsi d’une option thérapeutique allant au-delà du traitement standard.
Source: «Helle Hautkrebse werden häufig unterschätzt! Erste Anzeichen Schuppung, Blutung, Nässen, knotige Hautveränderungen – Früherkennungs-Screening macht Sinn!», ADO.
InFo ONKOLOGIE & HÄMATOLOGIE 2023: 11(5): 22