La prévalence de la dépression ne cesse d’augmenter. Heureusement, il existe de nombreuses possibilités thérapeutiques pour aider efficacement les personnes concernées. Néanmoins, l’intervention choisie ne fonctionne pas comme prévu chez tous les patients. Il est bien connu que les chances de réponse diminuent à chaque changement de traitement. Que faire alors si la maladie s’avère résistante au traitement ?
(red) Les troubles dépressifs sont en augmentation, et pas seulement en raison de la pandémie de grippe Corona. La situation politique incertaine, les guerres et les débats sur l’environnement alimentent également l’anxiété, qui peut déboucher sur un épisode dépressif. Selon les données actuelles de l’assurance maladie en Allemagne, les jours d’absence pour cause de maladie mentale ont atteint un nouveau record, avec 301 jours d’incapacité de travail pour 100 assurés. Un épisode dépressif peut être diagnostiqué si au moins deux des trois critères principaux, à savoir une humeur déprimée, une perte d’intérêt ou de plaisir, un manque d’énergie ou une fatigabilité accrue, et au moins deux critères secondaires avec une durée des symptômes d’au moins deux semaines, peuvent être détectés. Les critères secondaires incluent une diminution de la concentration et de l’attention, une baisse de l’estime de soi et de la confiance en soi, des sentiments de culpabilité et d’inutilité, des perspectives d’avenir négatives et pessimistes, des pensées ou des actes suicidaires, des troubles du sommeil et une diminution de l’appétit. En fonction du nombre de symptômes, l’épisode dépressif est alors classé comme léger, modéré ou sévère.
La gestion multimodale du traitement de la dépression unipolaire, guidée par le degré de gravité, se compose alors de pharmacothérapie, de psychothérapie et de neuromodulation. Il est désormais possible de choisir parmi une gamme de substances actives différentes. Une méta-analyse a comparé l’effet de 21 antidépresseurs. L’effet le plus important a été observé pour l’amitriptyline et le plus faible pour la réboxétine. L’avantage, cependant, est que toutes les molécules étudiées se sont révélées significativement supérieures au placebo. Il faut néanmoins garder à l’esprit que certains antidépresseurs, comme l’amitriptyline ou la mirtazapine, peuvent entraîner une prise de poids. Plus le dosage des substances est élevé et plus le traitement est long, plus le risque de développer un diabète semble augmenter. Pour d’autres substances actives, comme le milnacipran, le bupropion, le millepertuis et l’agomélatine, des effets de réduction du poids et de baisse de l’HbA1c ont été partiellement démontrés. L’administration d’inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ne semble pas poser de problème, à l’exception de la paroxétine.
Mauvaise observance ou résistance au traitement ?
Si la dépression unipolaire ne répond pas à une monothérapie par un antidépresseur, les causes possibles doivent être évaluées. Il s’agit notamment de répondre aux questions concernant une éventuelle erreur de diagnostic, les comorbidités et la comédication dépressive, un taux sérique suffisant dans la fourchette thérapeutique et l’adhésion au traitement. Si l’une de ces causes est présente, la première étape consiste à l’optimiser. Il s’agit par exemple d’arrêter les substances qui interagissent, d’adapter les doses ou de prendre des mesures pour favoriser l’adhérence. La définition de la résistance au traitement varie. En général, on parle de résistance au traitement lorsque les personnes concernées ne répondent pas de manière adéquate à au moins deux antidépresseurs de classes d’action différentes pendant une durée et à une dose suffisantes. On peut y faire face à l’aide d’une thérapie combinée, d’une augmentation ou d’un switch vers un autre antidépresseur avec une autre approche. Les facteurs de risque de résistance au traitement sont un nombre élevé de tentatives de traitement frustrantes, une longue latence avant le début du traitement, la durée de l’épisode d’index actuel, une symptomatologie sévère avant le début du traitement, une symptomatologie anxieuse et un trouble de la personnalité comorbides ainsi que des maladies somatiques concomitantes.
Littérature complémentaire :
- Ligne directrice S3 Dépression unipolaire. Disponible sur : https://register.awmf.org/de/leitlinien/detail/nvl-005 (dernier accès le 23.05.2024)
- Cipriani A, et al : Efficacité comparative et acceptabilité de 21 médicaments antidépresseurs pour le traitement aigu des adultes souffrant de troubles dépressifs majeurs : une revue systématique et une méta-analyse en réseau. Lancet 2018 Apr 7 ; 391(10128) : 1357-1366.
- Bauer M, et al. : Résistance au traitement dans la dépression et les troubles bipolaires. Sprunger Berlin Heidelberg 2023.
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2024 ; 22(3) : 36