Les lésions prurigineuses visibles sur le cuir chevelu sont un facteur de stress important pour de nombreux patients atteints de psoriasis. Les produits topiques sont utilisés comme traitement de première ligne, mais ils ne sont pas toujours efficaces, en particulier lorsque les symptômes sont modérés à sévères. Dans ces cas, une thérapie systémique efficace et bien tolérée constitue une alternative de traitement importante. L’aprémilast est l’une des options thérapeutiques fondées sur des preuves.
Les démangeaisons et la stigmatisation vont souvent de pair avec une qualité de vie nettement réduite chez les patients atteints de psoriasis capitis. Si un traitement topique peut être suffisant pour les symptômes peu sévères, ce n’est souvent pas le cas pour les lésions psoriasiques modérées à sévères. Il est donc important que des alternatives de traitement systémique fondées sur des preuves soient disponibles pour cette population de patients. Il s’agit notamment de l’inhibiteur de la phosphodiestérase 4 (PDE-4), l’aprémilast (Otezla®). Cet antipsoriasique de faible poids moléculaire est disponible sous forme orale et a fait la preuve de son efficacité dans le traitement des patients atteints de psoriasis en plaques, y compris dans des sous-populations de patients présentant une atteinte du cuir chevelu. C’est ce que montrent les analyses de l’étude de phase III ESTEEM 1 et 2 ainsi que l’étude LIBERATE contrôlée par placebo, dans laquelle l’aprémilast a été comparé à l’étanercept [1–3]. L’étude STYLE est la première étude prospective randomisée et contrôlée par placebo visant à évaluer l’efficacité et la sécurité de l’aprémilast chez les patients atteints de psoriasis modéré à sévère du cuir chevelu. Les résultats ont été publiés l’année dernière dans le Journal of the American Academy of Dermatology [4].
Un pourcentage élevé de patients a atteint la liberté d’apparence
Afin d’évaluer l’efficacité et la sécurité de l’aprémilast 30 mg (2×/d) pour le psoriasis capitis modéré à sévère, une étude de phase III en double aveugle contrôlée par placebo a été menée chez des adultes atteints de psoriasis modéré à sévère du cuir chevelu qui avaient montré une réponse insuffisante à au moins un traitement topique du psoriasis. Le critère d’évaluation principal était la proportion de patients ayant obtenu un score de 0 (sans apparition) ou de 1 (presque sans apparition) dans le cadre du “Scalp Physician Global Assessment”, avec une réduction d’au moins 2 points 16 semaines après la ligne de base. Les critères d’évaluation secondaires étaient une amélioration d’au moins 4 points concernant le prurit total (“Whole Body Itch”) et le prurit au niveau du cuir chevelu (“Scalp Itch Numeric Rating Scales”, NRS), ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie (“Dermatology Life Quality Index”, DLQI). Au total, 303 patients ont été randomisés dans les bras de l’étude apremilast (n=201) ou placebo (n=102). Sous aprémilast, un nombre significativement plus élevé de patients ont atteint les critères d’évaluation globale du médecin du cuir chevelu (43,3% vs. 13,7%), Scalp Itch NRS (47,1% vs. 21,1%) et Whole Body Itch NRS (45,5% vs. 22,5%).
Réduction des démangeaisons et amélioration de la qualité de vie comme résultats importants
Pour évaluer le prurit, les patients ont évalué les symptômes de démangeaison au niveau du cuir chevelu à l’aide de l’instrument de mesure NRS (“Scalp Itch Numeric Rating Scales”) sur une échelle de 0 (pas de démangeaison) à 10 (démangeaison d’intensité la plus forte imaginable). La figure 1 présente les analyses de données qui montrent que le traitement à l’aprémilast a entraîné une diminution avérée des démangeaisons au niveau du cuir chevelu. Ainsi, à tous les points de mesure jusqu’à la semaine 16 incluse après la ligne de base, une proportion significativement plus élevée de patients du groupe aprémilast a obtenu une amélioration d’au moins 4 points dans le score NRS. Il s’agit d’une cible importante car, comme la douleur chronique, les démangeaisons chroniques peuvent avoir un impact considérable sur la qualité de vie et, dans certains cas, entraîner un manque de sommeil, une baisse des performances et des troubles dépressifs. L’indice de qualité de vie en dermatologie (DLQI) montre que les patients ont également bénéficié du traitement par apremilast en termes de qualité de vie. Une amélioration significativement plus importante des moindres carrés moyens (LSM) a été observée dans le groupe traité par le médicament par rapport au placebo (-6,7 vs -3,8 ; p<0,0001). Les LSM sont des moyennes pour lesquelles l’influence des covariables sur la variable dépendante a été éliminée.
Dans l’ensemble, le traitement a été bien toléré, les effets secondaires occasionnels sous aprémilast comprenant diarrhée, nausées et céphalées.
Littérature :
- Papp K, et al. : Apremilast, un inhibiteur oral de la phosphodiestérase 4 (PDE4), chez les patients atteints de psoriasis en plaques modéré à sévère : résultats d’un essai contrôlé randomisé de phase III (Efficacy and Safety Trial Evaluating the Effects of Apremilast in Psoriasis [ESTEEM 1]). J Am Acad Dermatol. 2015 ; 73 : 37-49.
- Paul C, et al : Efficacité et sécurité de l’apremilast, un inhibiteur oral de la phosphodiestérase 4, chez les patients atteints de psoriasis en plaques modéré à sévère sur 52 semaines : un essai de phase III, randomisé, contrôlé (ESTEEM 2). Br J Dermatol. 2015 ; 173 : 1387-1399.
- Reich K, et al. : L’efficacité et la sécurité de l’apremilast, de l’étanercept, et du placebo, chez les patients atteints de psoriasis en plaques modéré à sévère : 52-week results from a phase 3b, randomized, placebo-controlled trial (LIBERATE). J Eur Acad Dermatol Venereol. 2017 ; 31 : 507-517.
- Van Voorhees AS, et al : Efficacité et sécurité de l’apremilast chez les patients atteints de psoriasis en plaques modéré à sévère du cuir chevelu : Résultats d’une étude de phase 3b, multicentrique, randomisée, contrôlée par placebo, en double aveugle. JAAD 2020 ; 83(1) : 96-103.
DERMATOLOGIE PRATIQUE 2021 ; 31(2) : 34