Cette maladie génétique, caractérisée par l’apparition fréquente d’adénomes colorectaux et de tumeurs cérébrales, a été décrite pour la première fois en 1959 par le chirurgien canadien Jacques Turcot. Les tumeurs sont détectées à l’aide de coloscopies ou d’examens IRM. Le traitement est effectué en fonction des résultats individuels.
Les patients se présentent généralement avec des symptômes apparemment bénins, tels que des maux de tête, un malaise et des vomissements, qui sont dus à une augmentation de la pression intracrânienne [1]. On a constaté que les patients présentant une mutation du gène APC entre les codons 697 et 1224 ont un risque 13 fois plus élevé de développer un médulloblastome. L’incidence du médulloblastome est la plus élevée chez les patients atteints de polypose adénomateuse colique familiale avant l’âge de 20 ans [2]. La classification histologique des médulloblastomes comprend le médulloblastome classique et quatre autres variantes : médulloblastome à nodularité étendue, desmoplastique nodulaire, anaplasique et à grandes cellules. Le médulloblastome classique est la forme la plus courante.
Une étude portant sur 25 patients atteints de la maladie de Turcot a révélé que les malades décédaient en moyenne à 20,3 ans. La principale cause de décès est une tumeur cérébrale dans 76% des cas et un cancer colorectal dans 16% des cas [3]. Les tumeurs cérébrales associées à Turcot sont à 61% des gliomes de toutes origines et à 25% des médulloblastomes. Des lymphomes, des méningiomes, des adénomes hypophysaires et des craniopharyngiomes ont également été décrits [4]. Les tumeurs cérébrales se manifestent généralement au cours de la deuxième décennie de vie des patients (âge moyen : 15 ans) et sont associées à une mortalité élevée [5]. Par conséquent, de nombreux patients atteints de tumeurs cérébrales décèdent avant que d’autres symptômes du syndrome de Turcot, comme le développement d’un cancer colorectal, ne deviennent cliniquement significatifs.
Génétique moléculaire |
Le modèle de transmission du syndrome de Turcot est très complexe [5]. Des cas autosomiques dominants et autosomiques récessifs sont décrits dans la littérature [8,9]. Sur le plan de la génétique moléculaire, le syndrome de Turcot peut être divisé en deux groupes [4] : |
Groupe 1 : des mutations du gène suppresseur de tumeur APC sont détectables (analogue à la polypose adénomateuse familiale, PAF). |
Groupe 2 : des mutations dans des gènes de réparation de mésappariement sont détectables (analogue au cancer colorectal héréditaire non polyposique, HNPCC). |
L’approche thérapeutique du médulloblastome est une combinaison de chimiothérapie, de résection chirurgicale et de radiothérapie [1]. Le taux de survie global à cinq ans avec un traitement standard est de 70-85%. Parmi les sous-groupes, l’histologie classique a une survie sans événement à 5 ans de 84%, les tumeurs desmoplastiques de 77% et les tumeurs anaplasiques à grandes cellules de 57% [6]. Les oncogènes MYC et MYCN sont des facteurs de mauvais pronostic et, en tant que tels, sont corrélés à un moins bon pronostic du groupe 3 (MYC) et “sonic hedgehog” (MYCN) [7].
Jusqu’à 75% des personnes atteintes de la maladie de Turcot présentent des mutations dans le gène APC, ce qui entraîne des médulloblastomes, surtout chez les enfants. Dans les autres cas, les mutations dans les gènes MMR sont principalement associées aux gliomes [10]. Alors que les personnes atteintes de Turcot avec des mutations APC sont hétérozygotes, les patients Turcot avec des défauts ROR présentent principalement des défauts homozygotes ou des défauts hétérozygotes mixtes.
Des modalités de traitement ciblées peuvent être envisagées, en particulier pour les formes très agressives de médulloblastome.
Littérature :
- Waller A, Findeis S, Lee MJ : Polypose adénomateuse familiale. J Pediatr Genet 2016 ; 5(2) : 78-83.
- Attard TM, et al : Tumeurs cérébrales chez les individus atteints de polypose adénomateuse familiale : une expérience de registre des cancers et une analyse consolidée des rapports de cas. Cancer 2007 ; 109(4) : 761-766.
- Matsui T, et al : Un père et un fils atteints du syndrome de Turcot : preuve d’une transmission héréditaire autosomique dominante : rapport de deux cas. Dis Colon Rectum 1998 ; 41 : 797-801.
- Paraf F, Jothy S, Van Meir EG : Brain tumor-polyposis syndrome : two genetic diseases ? J Clin Oncol 1997 ; 15 : 2744-2758.
- “Dysfonctionnement des gènes de réparation de l’ADN comme facteur de risque pour le développement de cancers colorectaux héréditaires”, https://opus.bibliothek.uni-wuerzburg.de/opus4-wuerzburg/frontdoor/deliver/index/docId/4176/file/MuenchAndreadiss.pdf,(dernière consultation 05.04.2024)
- Gajjar A, et al : Risk-adapted craniospinal radiotherapy followed by high-dose chemotherapy and stem-cell rescue in children with newly diagnosed medulloblastoma (St Jude Medulloblastoma-96) : long-term results from a prospective, multicentre trial. Lancet Oncol 2006 ; 7(10) : 813-820.
- Kool M, et al : Molecular subgroups of medulloblastoma : an international meta-analysis of transcriptome, genetic aberrations, and clinical data of WNT, SHH, Group 3, and Group 4 medulloblastomas. Acta Neuropathol 2012 ; 123(4) : 473-484.
- Hamilton SR, et al : The molecular basis of Turcot’s syndrome. New Eng J Med 1995 ; 332 : 839-847.
- De Rosa M, et al : Evidence for a recessive inheritance of Turcot’s syndrome caused by compound heterozygous mutations within the PMS2 gene. Oncogene 2000 ; 19 : 1719-1723.
- Hedge MR, et al : Une mutation homozygote dans MSH6 cause le syndrome de Turcot. Clin Cancer Res 2005 ; 11 : 4689-4693.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2024 ; 19(4) : 38