Les polyneuropathies induites par la chimiothérapie sont un effet secondaire souvent redouté de nombreux traitements oncologiques. Un diagnostic précoce et un traitement efficace peuvent minimiser l’étendue des nerfs endommagés.
Le traitement du cancer n’a cessé d’évoluer au cours des dernières années. Des options de traitement immunomodulateur efficaces sont désormais disponibles, en plus de la radiothérapie et de la chimiothérapie. Cependant, un effet secondaire typique de nombreuses options thérapeutiques est une polyneuropathie périphérique. Ceux-ci peuvent se manifester par des phénomènes positifs ou négatifs, principalement sensoriels ou moteurs. Les paresthésies, les douleurs à type de brûlure ou les déficiences en forme de bas ou de gant sont surtout présentes dans les lésions symétriques des nerfs périphériques, accentuées au niveau distal. Lorsque les lésions s’aggravent, la douleur, la chaleur ou le froid peuvent ne plus être perçus et l’engourdissement peut entraîner des difficultés dans les activités quotidiennes de motricité fine. Après l’arrêt de la chimiothérapie neurotoxique, les symptômes disparaissent généralement progressivement. Cependant, après une chimiothérapie à base de platine, les symptômes peuvent continuer à évoluer pendant trois mois.
L’incidence de la CIPN varie de 3% à 38%, selon le traitement. Il n’existe pas encore de mesures préventives efficaces. Toutefois, le risque augmente considérablement chez les patients plus âgés, présentant des comorbidités telles que le diabète sucré ou l’insuffisance rénale, et ayant une consommation d’alcool élevée. Un entraînement physique régulier est recommandé. Une étude japonaise a révélé que le port de gants et de chaussettes congelés et la réduction de l’afflux sanguin au niveau des mains et des pieds entraînaient une nette amélioration des douleurs nerveuses. Seuls 27,8% des patients ont ressenti des douleurs. Sans cette mesure, 80,6% ont perçu des perturbations.
Détection précoce des symptômes
Afin d’exclure autant que possible les évolutions graves, les NPIC doivent être détectées à un stade précoce et traitées en conséquence. Les signes avant-coureurs d’une polyneuropathie sont, outre la perte des réflexes musculaires, la diminution de la sensibilité aux vibrations. C’est pourquoi, après chaque cycle de chimiothérapie, il convient de vérifier non seulement le réflexe achilléen, mais aussi la vibration avec le diapason de Rydel-Seiffer. Les déficits sensibles peuvent être vérifiés à l’aide d’un test de sensibilité de surface. Pour tester la sensation de chaud et de froid, il est possible d’utiliser des bâtonnets dont l’extrémité est en métal et l’autre en plastique. Les électroneurographies permettent de mesurer la vitesse de conduction nerveuse dans les bras et les jambes, tandis que l’électromyographie mesure l’activité électrique dans les muscles.
Traitement efficace des nerfs périphériques endommagés
Les données concernant les mesures non médicamenteuses sont à ce jour limitées. Néanmoins, une thérapie par l’exercice peut être utile pour améliorer la fonctionnalité. Des exercices d’équilibre, un entraînement sensorimoteur, un entraînement de la coordination et de la motricité fine, sans oublier un entraînement par vibrations, sont recommandés. La physiothérapie, l’ergothérapie, l’électrothérapie ou les bains sont également utiles, surtout en cas d’engourdissement des pieds ou des mains.
Lors de l’initiation d’un traitement médicamenteux, le choix du produit doit être fait en tenant compte du rapport bénéfice/risque. Les antidépresseurs, les anticonvulsivants et les opioïdes ont prouvé leur efficacité dans le traitement des douleurs neuropathiques liées à la chimiothérapie. Les patchs ou les pommades qui agissent localement peuvent également soulager la douleur, même si c’est de manière limitée.
Littérature complémentaire :
- www.leitlinienprogramm-onkologie.de/fileadmin/user_upload/Downloads/Leitlinien/Supportivtherapie/LL_Supportiv_Langversion_1.1.pdf (dernier accès le 09.06.2019)
- www.egms.de/static/de/journals/ors/2014-3/ors000013.shtml (dernier accès le 09.06.2019)
- Köppen S : Neuropathie liée à la thérapie tumorale. Quels sont les éléments à prendre en compte pour les nouveaux concepts. Oncologue 2009 ; 15 : 142-148.
- Cavaletti G, et al : Prédicteurs précoces de la neurotoxicité périphérique dans la chimiothérapie combinée à base de cisplatine et de paclitaxel. Ann Oncol. 2004 ; 15 : 1439-1442.
- www.krebsgesellschaft.de/onko-internetportal/basis-informationen-krebs/nebenwirkungen-der-therapie/neuropathie-nervenschaeden-bei-krebs.html (dernier accès le 09.06.2019)
- www.krebsinformationsdienst.de/leben/neuropathie/neuropathie-index.php (dernier accès le 09.06.2019)
InFo ONKOLOGIE & HÉMATOLOGIE 2019 ; 7(2-3) : 46