La maladie rénale chronique est une maladie évolutive étroitement associée à l’hypertension. Chez un grand nombre de patients nécessitant un traitement de substitution rénale, une réduction conséquente de la pression artérielle aurait pu prévenir la maladie rénale terminale. En effet, les médicaments antihypertenseurs ne protègent pas seulement contre les événements cardiovasculaires, ils ont également un effet protecteur sur les reins.
L’hypertension n’est pas rare – on estime qu’une personne sur trois de plus de 50 ans et une personne sur deux de 60 ans souffrent d’hypertension. Il ne s’agit en aucun cas d’un malaise, mais d’une maladie sérieuse qui peut avoir de graves conséquences. En règle générale, il faut viser des valeurs de 140/90 mmHg (tableau 1). Le rein participe notamment à la régulation de la pression artérielle par la production d’hormones et d’urine. Si elle est endommagée, cela a des conséquences. L’insuffisance rénale, par exemple, entraîne une surcharge de liquide et de pression dans la circulation sanguine. Mais l’inverse est également vrai. Les personnes souffrant d’hypertension ont un risque accru de développer une maladie rénale chronique (MRC). En premier lieu, l’hypertension artérielle fait penser à des lésions vasculaires et donc à des maladies cardio-vasculaires. En revanche, les effets négatifs sur les reins sont moins courants. Toutefois, au sens large, l’IRC peut également être classée parmi les maladies vasculaires. Les unités de filtration du rein sont constituées de milliers de petits vaisseaux. Ceux-ci s’endommagent et ne peuvent plus remplir leur fonction si la pression est trop élevée. Un traitement efficace de l’hypertension est indiqué pour ne pas favoriser l’insuffisance rénale et donc la nécessité d’un traitement de substitution rénale.
L’hypertension peut nécessiter une dialyse
L’hypertension est la deuxième raison la plus fréquente pour laquelle les patients doivent être dialysés. Le nombre de patients sous dialyse nécessitant une épuration sanguine en raison de lésions rénales dues à l’hypertension artérielle est d’environ 10 à 19% en Europe [1]. En Suisse, environ 4500 patients ont actuellement besoin d’une thérapie de remplacement rénal [2]. En conséquence, une réduction efficace de la pression artérielle aurait permis à environ 850 patients d’éviter cette étape. Toutefois, en cas d’hypertension, il convient de prendre des mesures préventives précoces. Ce n’est pas facile dans la mesure où de nombreux Suisses ne connaissent même pas les valeurs de leur tension artérielle. La nouvelle directive sur la pression artérielle des sociétés européennes d’hypertension et de cardiologie (ESH/ESC) conseille de prendre des médicaments antihypertenseurs à partir de valeurs de 140/90 mmHg [3]. Avant cela, des mesures de modification du mode de vie doivent être mises en œuvre pour atteindre la valeur cible de 130/80 mmHg. Il s’agit par exemple de limiter l’apport en sel de cuisine, de restreindre la consommation d’alcool, d’augmenter l’apport en légumes, de réguler le poids corporel et de pratiquer régulièrement des exercices aérobies. Ces valeurs ne sont toutefois valables que pour les personnes en bonne santé rénale. Les patients atteints d’IRC devraient bénéficier d’une intervention pharmacologique plus précoce (figure 1). Les résultats d’une étude combinée ont montré que les patients dont la pression artérielle est réduite de manière intensive ont tendance à avoir une incidence moindre de dialyse [4]. Un contrôle intensif de la pression artérielle est également associé à une mortalité plus faible.
Littérature :
- https://era-edta-reg.org/files/annualreports/pdf/AnnRep2017.pdf (dernier appel : 12.11.2019)
- www.swissnephrology.ch/media/srrqap/MedizinAktuell_2017_aktuelle_Erkenntnisse.pdf (dernier appel : 12.11.2019)
- https://leitlinien.dgk.org/files/2019_Pocket_Leitlinie_Hypertonie_Version2018.pdf (dernier appel : 12.11.2019)
- Ku E, Gassman J, Appel LJ, et al : BP Control and Long-Term Risk of ESRD and Mortality. J Am Soc Nephrol 2017 ; 28 : 671-677.
CARDIOVASC 2019 ; 18(6) : 22