Une prévision récente [1] pour l’année 2015, basée sur les statistiques de l’OMS et sur les données de certains pays européens, montre que le nombre de personnes atteintes d’un cancer du poumon est en augmentation.Il est l’une des rares tumeurs à gagner du terrain en termes de mortalité, démentant ainsi la tendance globalement positive observée pour les autres types de cancer. Compte tenu de l’actualité de cette maladie, l’intensification de la recherche est une tâche importante. La question de savoir si l’on devrait désormais inclure davantage de patients ayant déjà souffert d’une tumeur dans les études a été examinée.
L’étude de registre [2] a comparé la survie de patients atteints d’un cancer du poumon ayant déjà eu un cancer à celle de personnes n’ayant jamais eu de cancer auparavant. Les patients ayant une tumeur antérieure répondent généralement aux critères d’exclusion des études sur le cancer du poumon. La question centrale que se sont posée les chercheurs de Dallas était de savoir s’il fallait à l’avenir inclure davantage de patients de ce type. L’équipe d’Andrew L. Laccetti, Dallas, a voulu vérifier si les inquiétudes concernant l’altération des résultats étaient confirmées et quel était l’impact réel d’un ancien cancer sur la survie.
Survie même prolongée
A partir d’un registre (1992-2009), 102 929 patients, âgés de plus de 65 ans, atteints d’un cancer du poumon de stade IV ont été identifiés. Près de 15% d’entre eux présentaient une (autre) tumeur antérieure dans leurs antécédents médicaux (principalement des formes localisées, généralement diagnostiquées cinq ans ou moins avant le cancer du poumon). Les tumeurs de la prostate, gastro-intestinales, urogénitales et du sein représentaient la majeure partie.
A première vue, il est surprenant de constater que la survie globale et la survie spécifique au cancer du poumon se sont même améliorées chez ces patients (HR 0,93 et 0,81 respectivement), et ce en tenant compte de différents facteurs concomitants. Cependant, à y regarder de plus près, cette conclusion n’est pas si absurde et peut s’expliquer par une plus grande fréquence des soins médicaux pour les anciens patients atteints de cancer, par exemple : Le cancer du poumon a peut-être été détecté et traité plus tôt. Les conditions biologiques de base pour combattre la tumeur pourraient également être meilleures chez les survivants. Il s’agit bien sûr de suppositions, mais elles sont plausibles.
Afin de vérifier la pertinence de ces résultats pour la recherche concrète, les auteurs ont également constitué une population susceptible d’être étudiée (<75 ans, sans comorbidités, traitée par chimiothérapie) et ont à nouveau constaté la même tendance en termes de survie.
De plus, aucun des sous-groupes prédéfinis (stade, type de tumeur antérieure, date du premier diagnostic) n’a montré d’infériorité par rapport aux patients sans ancienne maladie, ce qui amène les auteurs à proposer de réfléchir à l’inclusion plus large de ces patients dans les études sur le cancer du poumon.
Littérature :
- Malvezzi M, et al. : European cancer mortality predictions for the year 2015 : does lung cancer have the highest death rate in EU women ? Ann Oncol 2015. doi : 10.1093/annonc/mdv001. Première publication en ligne : Janvier 26, 2015.
- Laccetti AL, et al : Effect of Prior Cancer on Outcomes in Advanced Lung Cancer : Implications for Clinical Trial Eligibility and Accrual. J Natl Cancer Inst 2015 ; 107(4) : djv002. doi : 10.1093/jnci/djv002.
InFo ONKOLOGIE & HÄMATOLOGIE 2015 ; 3(6) : 4