La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est associée à une charge symptomatique élevée, avec pour conséquence des hospitalisations répétées. Un problème courant est l’utilisation incorrecte des inhalateurs (misused inhalers, MI) et le mauvais contrôle de la maladie qui en résulte. Un groupe de chercheurs de Berne s’est penché sur le rôle des IM dans la sortie d’hôpital.
Les IM peuvent être dues à une mauvaise technique d’inhalation ou à un débit inspiratoire de pointe ( DIP) insuffisant. Dans leur étude observationnelle prospective monocentrique, le Dr Philipp Suter, du service de pneumologie de l’Hôpital de l’Île à Berne et du service de médecine interne de l’HFR Hôpital cantonal de Fribourg, et ses collègues ont documenté la proportion d’IM à la sortie du service de médecine interne de l’HFR Fribourg [1].
Parmi un groupe de patients atteints de BPCO (n=80) hospitalisés entre avril et juin 2022, tous les inhalateurs utilisés ont été examinés à la sortie de l’hôpital. Cette évaluation comprenait
- le contrôle de la technique d’inhalation par observation directe à l’aide d’une liste de contrôle,
- une mesure du PIF à l’aide de l’In-Check Dial® et
- une formation pour corriger la technique d’inhalation.
Les erreurs critiques (EC) étaient définies comme une manipulation ou une omission qui affecte potentiellement la délivrance ou le transport de la substance active dans les voies respiratoires distales. Un IM était présent lorsqu’un inhalateur était associé à un CE ou à un PIF insuffisant.
Sur les 80 patients examinés, 46 ont été inclus. Les patients utilisaient en moyenne 2,13 inhalateurs à leur sortie. Sur les 98 inhalateurs évalués, 60 ont été utilisés de manière incorrecte, 56 avec au moins un CE et 16 avec un PIF insuffisant (figure 1). La formation visant à corriger la technique d’inhalation a réduit de 48% le nombre d’inhalateurs utilisés avec un CE (IC à 95% : 0,37-0,59, p<0,001). Néanmoins, 9 inhalateurs ont continué à être utilisés avec une erreur critique après la formation. Si l’on combine un CE persistant et un PIF insuffisant, 22 inhalateurs restent mal utilisés, expliquent les auteurs.
Les inhalateurs mal utilisés sont fréquents à la sortie de l’hôpital et, malgré la formation, un nombre significatif d’IM persiste, conclut-elle. Une intervention multimodale combinant une évaluation de la technique d’inhalation avec la mesure du PIF, le choix d’un inhalateur approprié et une éducation thérapeutique serait probablement nécessaire pour réduire le nombre d’IM à la sortie.
Activité physique et BPCO
L’activité physique (AP) ralentit la progression de la maladie et est explicitement recommandée dans la gestion de la BPCO. D’autre part, la dyspnée d’effort est un symptôme majeur de la BPCO, ce qui incite souvent les patients concernés à éviter les efforts physiques. Dans leur étude d’observation monocentrique, des chercheurs dirigés par le PD Dr Maximilian Bösch de l’Hôpital cantonal de Saint-Gall [2] ont examiné la quantification des niveaux d’AP de patients atteints de BPCO dans un cadre réel et la relation avec l’activité de la maladie auto-déclarée.
Pour ce faire, ils ont inclus 42 patients atteints de BPCO GOLD B ou supérieure. Sur une période d’un an, les personnes concernées ont été suivies à l’aide d’un tracker d’activité disponible dans le commerce (Garmin Vivofit® 3) et d’un client web associé auquel les responsables de l’étude avaient accès. Les patients ont fourni chaque semaine les résultats du test électronique d’évaluation de la BPCO (CAT) et se sont rendus à des visites d’étude semestrielles au cours desquelles des mesures complémentaires telles que des tests de la fonction pulmonaire et des analyses sanguines ont été effectuées.
Après évaluation du suivi de l’activité, de grandes différences sont apparues en ce qui concerne les trajectoires individuelles de développement de l’AP. L’analyse de l’association entre l’AP et le score CAT a révélé une corrélation inverse significative (figure 2A), ce qui suggère que l’AP pourrait influencer positivement la progression de la BPCO. Une stratification de la cohorte de l’étude basée sur l’AP a étayé ce résultat en montrant une nette différence dans l’évolution du score CAT chez les patients ayant une AP élevée par rapport aux patients ayant une AP faible (figure 2B).
L’association de l’AP avec un marqueur auto-déclaré important de l’activité de la maladie et de la qualité de vie a donc été démontrée dans des conditions de vie réelles, concluent les auteurs. Leurs données ont servi de base à de futures études d’intervention afin de quantifier la taille des effets et d’établir des recommandations de formation.
Allergie ayant un impact négatif sur l’AECOPD
Un groupe dirigé par le Dr Meropi Karakioulaki du service de pneumologie de l’hôpital universitaire de Bâle a étudié les différences d’IgE totales (tIgE) et d’IgE spécifiques (sIgE) entre les patients atteints de BPCO, d’asthme et les patients témoins, et a en outre associé l’atopie et l’allergie aux exacerbations aiguës de la BPCO (AECOPD) [3].
Les tIgE et sIgE ont déjà été associées à l’asthme, mais leur rôle dans la BPCO n’a été considéré que dans quelques études. Les chercheurs ont inclus dans leur étude 73 patients atteints de BPCO, 19 patients asthmatiques et 27 témoins. La cohorte de confirmation était composée de 342 patients atteints de BPCO bien caractérisés. Des échantillons de sérum ont été prélevés et la concentration en tIgE et 300 sIgE individuelles ont été déterminées à l’aide de l’ALEX2 Allergy Explorer. Les patients étaient considérés comme atopiques si leur tIgE était ≥100 kUA/l ; ils étaient considérés comme allergiques si leur prick-test cutané était positif.
Dans la cohorte de dérivation, il y avait une différence statistiquement significative entre les trois groupes de diagnostic en ce qui concerne les aéroallergènes et les non-aéroallergènes, les patients asthmatiques ayant les plus fortes concentrations de sIgE (p=0,005). Les asthmatiques différaient significativement des patients atteints de BPCO en ce qui concerne les concentrations de sIgE des fruits de mer, de la levure, des céréales et du pollen. Dans la cohorte de confirmation, les patients BPCO allergiques avaient un nombre plus élevé d’AECOPD par an (p=0,043). Les patients BPCO positifs à au moins un aéroallergène lors du test de prick cutané présentaient un risque plus élevé d’AECOPD que les patients négatifs (43,40% vs 28,77%, p=0,035). Cependant, les niveaux de sIgE étaient plus élevés chez les patients sans AECOPD que chez ceux qui avaient subi une AECOPD l’année précédente Il existait une association positive entre le délai de survenue de l’AECOPD pendant l’étude et le niveau de tIgE (p=0,020).
Les patients asthmatiques étaient plus souvent atopiques que les patients atteints de BPCO. Dans la BPCO, l’allergie semble avoir un impact négatif sur l’apparition de l’AECOPD, tandis que les tIgE ne semblent pas être associées à un risque accru d’AECOPD, ont conclu les auteurs.
Congrès : réunion annuelle de la SSP en 2023
Sources :
- Suter P, Grobety T, Grandmaison G : Inhalateurs utilisés par les patients atteints de BPCO à la décharge de l’hôpital – Une étude de cohorte observationnelle monocentrique suisse. SSC/SSCS – Réunion annuelle conjointe SSP/SSTS 2023 ; P032.
- Boesch M, Rassouli F, Baty F, Brutsche M : Tracking Physical Activity in COPD : Results from a Prospective, Observational, Cohort Study. SSC/SSCS – Réunion annuelle conjointe SSP/SSTS 2023 ; P027.
- Karakioulaki M, Berkemeier CM, Grize L, et al. : Allergy, Atopy to 300 Allergens, and the Exacerbation Risk in COPD. SSC/SSCS – SSP/SSTS Joint Annual Meeting 2023 ; P028.
InFo PNEUMOLOGIE & ALLERGOLOGIE 2023 ; 5(3) : 36-37 (publié le 15.8.23, ahead of print)