Une tendance à l’innovation numérique se dessine depuis un certain temps déjà. Dans le contexte de la pandémie COVID-19, l’utilisation d’applications de télémédecine a notamment gagné en actualité. Outre les nombreuses solutions numériques déjà mises en œuvre avec succès, il reste encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne les conditions juridiques et de rémunération.
L’importance des services de télémédecine dans le secteur de la santé ne cesse de croître, et la pandémie COVID-19 a encore renforcé cette tendance (aperçu 1). Les questions relatives aux innovations en matière de santé numérique sont d’une grande actualité dans l’agenda de la politique de santé. Dans ce contexte, la FMH propose une plate-forme pour les offres de télémédecine afin de communiquer de manière transparente les services respectifs sur la base d’une auto-déclaration. Une vue d’ensemble actualisée des prestataires de télémédecine est disponible sur la page d’accueil : www.fmh.ch
Les offres de télémédecine gagnent en popularité dans le cadre de la crise COVID-19
À l’occasion du congrès annuel virtuel de la ZDFT, le Dr Christian Greis, médecin-chef à la clinique dermatologique de l’hôpital universitaire de Zurich et le Prof. nat. Alexander Navarini, médecin-chef en dermatologie, Hôpital universitaire de Bâle, a donné un aperçu actuel des expériences et des tendances dans le domaine de la télémédecine [1]. Selon le professeur Navarini, il est évident que les patients demandent de plus en plus de consultations à distance – ils reçoivent tous les jours des demandes de consultations par télémédecine. L’offre de consultations en ligne du service ambulatoire de dermatologie de l’hôpital Waid et Triemli (www.triemli.ch/derma2go), qui existe depuis le mois d’avril, est également très appréciée, l’utilisation ayant augmenté de manière exponentielle au cours des derniers mois, explique le Dr Greis, qui précise, en ce qui concerne la prise en charge des coûts, que “les consultations vidéo peuvent être facturées par le biais de consultations téléphoniques, ce qui est relativement facile”. Les contacts avec les patients par e-mail peuvent également être facturés via TARMED (encadré). En revanche, la facturation de la technologie “store and forward”, c’est-à-dire l’évaluation différée des images et des données des patients, n’est pas encore suffisamment résolue. Il y a cependant des choses à faire. La SSDP s’engage pour le développement des examens de télémédecine et pour des tarifs forfaitaires pour la facturation des services correspondants et mène un dialogue avec la FMH à ce sujet.
Résultats intéressants de l’enquête sur les tendances numériques 2019
Il y a encore quelques obstacles à franchir avant que la numérisation ne soit pleinement intégrée dans les cabinets médicaux. Une majorité est toutefois favorable aux innovations numériques, selon une prise de position publiée par la FMH à l’occasion du “Digital Trends Survey 2019”, une enquête à laquelle ont participé au total 494 médecins exerçant en ambulatoire et 2432 personnes issues de la population [1]. 85% des médecins interrogés ont déclaré qu’il était important pour eux d’utiliser les possibilités numériques, le plus grand intérêt allant aux ouvrages de référence en ligne. Les médecins ne sont pas les seuls à s’intéresser à la numérisation, les patients aussi. Il s’est avéré, par exemple, que le choix d’un cabinet médical se fait aussi en fonction de l’offre de prise de rendez-vous en ligne. L’intérêt de la population pour les offres numériques est globalement plus important que celui des médecins, les notifications automatiques de rendez-vous médicaux ou de temps d’attente faisant partie des souhaits fréquemment exprimés par les patients. Ce dernier a été mis en place avec succès dans le service de dermatologie de l’Hôpital universitaire de Bâle, rapporte le professeur Navarini. Ainsi, les patients reçoivent une notification par sms quelques minutes avant leur tour et n’ont pas besoin de rester dans la salle d’attente. Selon l’étude “Digital Trends Survey 2019”, le service de télémédecine le plus fréquemment proposé est l’envoi de photos au professionnel de santé à l’aide d’un smartphone. “Cela joue un rôle crucial pour la dermatologie”, explique le Dr Greis. En résumé, les offres numériques peuvent apporter de grands avantages dans la pratique si les obstacles techniques, juridiques et de rémunération peuvent être levés.
Le bilan intermédiaire de la Stratégie Cybersanté Suisse 2.0 est disponible
L’un des objectifs de la Confédération et des cantons est de promouvoir davantage la numérisation dans le secteur de la santé [2,3]. Un élément central est l’introduction et la diffusion du dossier électronique du patient. Les établissements de santé et les professionnels de la santé doivent à l’avenir être connectés numériquement, échanger des informations par voie électronique tout au long de la chaîne de traitement et pouvoir réutiliser les données plusieurs fois. La version actuelle de la “Stratégie Cybersanté Suisse 2.0” est encore valable jusqu’en 2022 [2,3]. Un rapport sur l’état actuel de la mise en œuvre a été résumé à la fin du mois de juin 2020 :
Dossier électronique du patient (DEP) : toutes les mesures relatives à l’introduction du DEP sont en cours d’élaboration (par ex. communication, habilitation, formats d’échange, auto-déclaration des applications de santé).
Promotion de la numérisation en général : des projets concrets dans ce domaine sont en cours de réalisation au niveau fédéral et cantonal. Ce qui a déjà été mis en œuvre, par exemple : Création d’un nouveau département “Transformation numérique” à l’OFSP ou recommandations de la Confédération et des cantons sur les services complémentaires interopérables du DPE.
Cybersécurité : les normes minimales pour les systèmes primaires ou le renforcement de la cybersécurité et de la sécurité des données font partie des thèmes qui n’ont pas encore pu être suffisamment traités en raison du manque de ressources.
Interopérabilité : un besoin d’interopérabilité accrue et donc d’utilisation multiple des données et des infrastructures a été identifié. Des améliorations sont nécessaires en ce qui concerne la coordination des acteurs du secteur de la santé et l’utilisation des infrastructures existantes, ainsi que la définition de normes reconnues. Le traitement de la stratégie d’interopérabilité prévu pour le second semestre 2020 peut y contribuer.
Source : ZDFT 2020
Littérature :
- Greis C, Navarini A : Dermatologie numérique. Dr. med. Christian Greis, Prof. nat. Alexander Navarini, Journées de formation dermatologique de Zurich (ZDFT), 14 et 15 mai 2020.
- FMH : “Digital Trends Survey 2019”, www.fmh.ch/files/pdf23/fmh-digital-trends-survey-2019-de.pdf, dernière consultation 05.11.2020
- Stratégie eHealth Suisse 2.0 : www.e-health-suisse.ch/politik-recht/strategische-grundlagen/strategie-ehealth-schweiz.html, dernière consultation 05.11.2020
- Elsner P : La télédermatologie à l’heure du COVID-19 – une revue systématique. JDDG 2020, https://doi.org/10.1111/ddg.14180_g
- FMH : Aide-mémoire : Facturation des prestations médicales en rapport avec le COVID-19 (nouveau virus Corona), version 8.0 du 28 octobre 2020, www.fmh.ch/files/pdf23/faq-abrechnung-covid-19.pdf, dernière consultation 05.11.2020
DERMATOLOGIE PRAXIS 2020 ; 30(6) : 4-5 (publié le 2.12.20, ahead of print)
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2021 ; 19(1) : 39-40