“Docteur” – il y a effectivement encore des gens qui m’appellent ainsi… – “veuillez le prescrire par écrit” ! C’est ce que l’on dira bientôt dans toutes les maisons de retraite et de soins. “Veuillez viser ici… !” “Non, l’ordonnance avec la mention DS 2 x 1 par jour ne suffit pas, vous devez aussi envoyer l’ordonnance par fax…”
Ces déclarations vous sont-elles familières ? Ecrivez-vous soigneusement toutes les ordonnances sur une feuille d’ordonnances qui sera ensuite saisie dans le dossier de soins électronique par l’infirmière la plus qualifiée ?
Il est difficile de croire à quel point la méfiance est systématiquement cultivée entre les soignants et nous, les médecins. Le fait que dans une unité de soins intensifs, les prescriptions doivent être consignées par écrit est logique et je pense que personne ne le conteste. Il est toutefois pénible, voire honteux, que chaque prescription, aussi banale soit-elle, doive être faite par écrit dans les foyers. Le fait que nous, les médecins, soyons systématiquement accusés de nous distancer de nos instructions orales et de mettre les éventuelles erreurs de traitement sur le dos des infirmières me dérange. Je fais confiance aux soignants et c’est pourquoi je vise les feuilles de cardex en blanc. Je suis conscient que cela pourrait un jour être utilisé à mauvais escient. Jusqu’à présent, un tel cas ne s’est jamais produit. Je ne peux pas imaginer une collaboration fructueuse avec les soignants sans confiance mutuelle. La confiance entre le patient, le médecin et le personnel soignant est une condition préalable à un traitement et à des soins de qualité. La méfiance systématique imposée par “le haut” empoisonne le climat et finit par nuire aux patients. La prescription et le visa écrits servent avant tout à assurer la sécurité des autorités. Nous devons établir la confiance entre les soignants et les médecins grâce à notre expertise et au respect mutuel. La sécurité ne peut se développer que dans un climat de confiance. La sécurité ne se décrète pas, elle s’acquiert. Proposez aux foyers que vous gérez de participer à ces formations. Lors des discussions de cas, vous pouvez recueillir les questions et les préoccupations des soignants et donner votre avis sur les questions présentées. Inspirez la confiance par vos compétences et par votre attitude respectueuse envers les soignants.
Cela en vaut la peine !
Cordialement, votre