L’une des principales composantes de l’activité médicale est de prodiguer les meilleurs soins possibles aux patients. La qualité des services en Suisse n’a rien à envier à celle du reste du monde. Cette qualité doit être garantie.
La santé est tout et sans santé, rien n’est rien. Un compte en banque bien garni ou une clinique super équipée n’y changeront rien. Et pourtant, une bonne structure de soins et une gestion de qualité contribuent également à la réhabilitation des patients. En effet, si vous vous savez entre les meilleures mains, vous pouvez vous concentrer entièrement sur votre rétablissement.
Le système de santé suisse est considéré comme le deuxième plus cher au monde après celui des États-Unis. La qualité des prestations est certes appréciable, mais elle n’est pas proportionnelle aux coûts. Plusieurs études montrent que la moitié des événements médicaux indésirables pourraient être évités [1]. Un élément essentiel de l’activité médicale est de fournir les meilleurs soins possibles aux patients. L’assurance qualité joue donc un rôle important.
La protection du patient, et donc l’obligation pour les médecins d’appliquer des thérapies efficaces, trouve ses racines dès le XVIIIe siècle avant J.-C. Dans l’Égypte ancienne, des sanctions draconiennes étaient appliquées si un médecin blessait son patient ou utilisait des outils malpropres. Au milieu des années 60 du siècle dernier, Avedis Donabedian a développé un modèle de qualité encore reconnu aujourd’hui, qui distinguait dans une grille à deux dimensions la qualité de la structure, du processus et des résultats, ainsi que la qualité technique, interpersonnelle et morale ou éthique [2].
Domaines de compétence
La médecine est considérée comme une profession à part entière. Cela implique de définir soi-même son domaine d’activité et les prestations fournies, la formation initiale et continue ainsi que l’admission à la formation professionnelle et de faire des recherches sur sa propre activité. L’introduction de la loi sur l’assurance maladie (LAMal) en 1996 a limité cette autorégulation professionnelle. Il incombe désormais au Conseil fédéral de réexaminer l’assurance qualité et de s’y atteler activement. L’assurance et la promotion de la qualité sont désormais confiées à l’État fédéral par les législations respectives, d’une part. Celui-ci édicte des directives dans le domaine de la formation et de l’exercice de la profession, règle les conditions d’admission des prestataires de services et fixe des valeurs pour le développement et la publication d’informations sur la qualité. Les cantons sont en outre l’instance d’autorisation, évaluent la qualité et l’économicité des hôpitaux et soutiennent le caractère obligatoire des prescriptions de mesures d’assurance qualité et de mesures de la qualité de la Confédération auprès des fournisseurs de prestations [1].
La sécurité des patients est une priorité
De vastes expériences en Allemagne et à l’étranger ont conduit à ce que la plupart des professionnels de la santé s’occupent de la mise en œuvre des systèmes d’assurance qualité. La généralisation des systèmes DRG, en particulier, a eu un impact considérable, comme par exemple l’étude des processus et des normes de traitement [3]. En Allemagne, les hôpitaux ont été obligés de mettre en place une gestion de la qualité avant même l’introduction des systèmes DRG [4]. En Suisse également, la Confédération a formulé une stratégie de qualité avant l’introduction du système DRG en 2012 (tableau 1) [5]. Elle est mise en œuvre par la Fondation pour la sécurité des patients.
L’objectif de la fondation est avant tout d’identifier les risques, de gérer les erreurs, de les éviter et d’améliorer la culture de la sécurité [6]. Tous les secteurs de soins sont couverts, de l’hospitalisation à l’ambulatoire en passant par le long terme et la psychiatrie. Outre la médication, la numérisation, le design et la communication, la chirurgie et l’oncologie sont les principaux domaines d’activité. Par exemple, un projet porte sur le double contrôle. Les contrôles de sécurité lors des soins aux patients sont une routine dans la vie clinique quotidienne. Pour les médicaments à haut risque, comme ceux utilisés chez les patients oncologiques, le double contrôle est généralement utilisé. Cependant, comme aucune norme nationale n’a encore été adoptée, elle ne fonctionne pas toujours de manière optimale. Les connaissances acquises dans le cadre d’un projet de recherche ont donc été intégrées dans les recommandations de la fondation [7]. Le double contrôle est donc défini comme une double comparaison d’informations provenant d’au moins deux sources d’information. En cas de double contrôle, la même comparaison est effectuée deux fois (Fig. 1).
Améliorer les ressources
Toutefois, pour améliorer les soins de santé, les informations et les mesures relatives à la sécurité des patients et à la qualité des soins ne suffisent pas. Les établissements de santé doivent également disposer des ressources nécessaires pour les mettre en œuvre dans leur pratique quotidienne. Pour cela, il faut une organisation améliorée qui mette en œuvre les mesures de manière efficace et fiable. Pour ce faire, toutes les parties prenantes devraient collaborer, de la direction de l’hôpital aux proches aidants (tableau 2) [6].
Optimisation des processus de la pratique
Les choses bougent également dans le domaine des soins ambulatoires. L’optimisation des processus orientés vers le patient et la satisfaction du patient sont au cœur de toute gestion de la qualité dans le cabinet. Les systèmes peuvent être adaptés à vos besoins et à ceux de votre personnel et de vos patients. L’optimisation des pratiques et la réduction des risques peuvent éviter des dommages humains et économiques. En Suisse, il existe désormais plusieurs fondations qui se concentrent sur le développement de programmes de qualité pour les cabinets médicaux et les réseaux de médecins (par exemple EQUAM, QBM, GMP ou MFA). Les objectifs premiers sont de sensibiliser les médecins et le personnel impliqués, de clarifier les structures de base des cabinets médicaux et de réaliser un benchmarking interne afin d’initier les processus d’amélioration de la qualité dans les cabinets participants.
Gestion de la qualité dans la pratique clinique quotidienne
Dans le cadre de la gestion de la qualité dans le secteur ambulatoire, l’accent est mis sur la gestion des erreurs, l’information et l’éducation des patients et la gestion des interfaces. Ces priorités sont suivies par les réunions d’équipe, la gestion des plaintes, la réglementation des responsabilités et des compétences, la gestion des risques et la mesure et l’évaluation des objectifs de qualité. Seuls les patients ne sont pas encore impliqués efficacement dans les processus. Les enquêtes auprès des patients sont quasiment inexistantes (tableau 3). Cela devrait et pourrait changer à l’avenir.
Le cycle PDCA d’amélioration
Le cycle PDCA peut être utile pour la mise en œuvre de l’assurance qualité. Il trouve son origine dans le cycle de Shewhart (de Walter Andrew Shewhart) et le cercle de Deming (de William Edwards Deming) et est aujourd’hui utilisé dans l’amélioration continue en production, en gestion et dans de nombreux autres domaines [8].
Le cycle décrit quatre phases d’un processus d’amélioration continue et est basé sur le principe “Plan-Do-Check-Act”. La planification s’effectue sur la base d’une auto-évaluation avec définition d’objectifs concrets, de ressources, de risques, d’opportunités, de mesures et de responsabilités. La mise en œuvre et la vérification systématique suivent. Si les objectifs visés ne sont pas atteints, soit les mesures, soit les objectifs sont ajustés (figure 2) [9]. Si l’on applique cette approche à la fois dans l’organisation elle-même et dans les actions de chaque individu, on atteint la forme la plus élevée de gestion de la qualité.
Messages Take-Home
- Les programmes de qualité favorisent la sécurité des patients en améliorant tous les processus médicaux.
- Tant la Confédération que les cantons soutiennent les prestataires de soins, tant dans le domaine du droit de la santé que dans celui de l’assurance maladie.
- Les objectifs de ces mesures sont d’identifier les risques, de gérer les erreurs, de les éviter et d’améliorer la culture de sécurité.
- Le cycle d’amélioration continue en quatre étapes est le suivant : Plan, do, check, act (cycle PDCA).
Littérature :
- www.bag.admin.ch/bag/de/home/versicherungen/
krankenversicherung/krankenversicherung-qualitaetssicherung .html (dernier appel le 20.06.2022). - http://neuron.mefst.hr/docs/CMJ/issues/2003/44/5/29_BookRev.pdf (dernier appel le 20.06.2022)
- Nylenna M, Bjertnages O, Sperre Saunes I, Lindahl AK (2015) : Qu’est-ce que la bonne qualité des soins de santé ? in : Professions et professionnalisme, Vol 5, No 1, 1-16.
- Güntert B, Offermanns G (2001) : Qualitätsmanagementmodelle für das Gesundheitswesen, in : lögd (éd.), Qualitätsmanagement im ÖGD, lögd, volume 9, Bielefeld, p. 13-33.
- OFSP (2009). Stratégie fédérale en matière de qualité dans le système de santé suisse, DFI, Berne.
- www.patientensicherheit.ch (dernier appel le 08.05.2024)
- Vincent C, Staines A : (2019) Améliorer la qualité et la sécurité des patients du système de santé suisse.
Berne : Office fédéral de la santé publique. - www.qmb-ausbildung.de/pdca-zyklus (dernier appel le 08.05.2024).
- www.qualitaetsmanagement.me/pdca_zyklus (dernier appel le 08.05.2024).
InFo ONKOLOGIE & HÉMATOLOGIE 2024 ; 12(2) : 14-17