Prof. Berking, les manucures et pédicures servent parfois aussi à masquer les altérations des ongles. Les tumeurs malignes de l’organe de l’ongle sont-elles ainsi plus souvent ignorées ?
Prof. Berking :
C’est certainement possible, mais je ne peux pas vous donner de chiffres précis à ce sujet. Je n’ai pas encore vu de peinture retarder un diagnostic. Il est plus dangereux qu’un patient prenne à la légère une pigmentation sur l’ongle qui ne fait pas mal. Ou lorsque les patients pensaient que leurs changements étaient dus à leur jogging : Bien qu’ils aient remarqué qu’il y avait quelque chose d’inhabituel, ils n’ont consulté leur médecin que très tard. Ces patients ont certainement regretté d’avoir attendu si longtemps. Il semble inimaginable pour beaucoup qu’un si petit endroit sur l’ongle d’un doigt ou d’un orteil ait déjà provoqué des métastases pulmonaires ou hépatiques.
Le diagnostic différentiel avec les mycoses est souvent un sujet de préoccupation, en particulier chez les patients âgés. Aujourd’hui, avec la possibilité de s’auto-médicamenter, le diagnostic à temps d’un mélanome sous-unguéal a-t-il tendance à être manqué ?
Cela arrive. Le dilemme est que même le médecin peut faire traîner le diagnostic. Un traitement contre les champignons est une affaire de mois, il faut beaucoup de patience. Les mycoses des ongles sont aujourd’hui une maladie de civilisation. Les patients ne s’inquiètent pas pendant longtemps, car cela ne fait pas mal. Le traitement est souvent retardé, les blessures sur l’ongle ont pour effet de favoriser la propagation. Cette situation n’est pas seulement inesthétique, elle entraîne des troubles de la croissance des ongles.
A quoi le médecin généraliste doit-il faire attention lorsqu’il traite une dame âgée soignée pour une mycose des ongles ?
D’une part, il est important de vérifier le diagnostic en cas de modification de la pigmentation. Les champignons ont tendance à changer de couleur plus rarement. Il faut se demander si une hémorragie ne pourrait pas être à l’origine de cette situation. Les saignements et la destruction sans raison proximale ou centrale d’un seul ongle sont d’autres signes d’alerte. L’onychomycose (Fig. 1) débute généralement de manière distale et affecte plusieurs ongles.
Lorsque le diagnostic d’onychomycose est confirmé et que tous les ongles sont profondément atteints : Quand un traitement systémique est-il indiqué ?
Malheureusement, la thérapie locale n’est prometteuse que pour les cas isolés et seulement jusqu’à environ 30% de la surface de l’ongle atteinte. Si l’infestation va au-delà, des médicaments sont nécessaires.
Quels sont les effets secondaires ? Que faut-il rechercher ?
Il peut s’agir de modifications de la peau ou d’une augmentation des tests hépatiques. Mais pour la majorité des personnes concernées, les médicaments sont bien tolérés.
Entretien : Dr. med. Susanne Schelosky