Cette forme rare et grave d’épilepsie a été décrite pour la première fois par le docteur Charlotte Dravet, médecin français. L’ancienne dénomination était “épilepsie myoclonique infantile sévère”. La première manifestation du syndrome de Dravet a lieu au cours de la première année de vie et se caractérise par des convulsions motrices fébriles et focales, généralement unilatérales.
L’augmentation de la température corporelle à la suite d’une infection fébrile, d’un effort ou d’un bain chaud sont considérés comme des stimuli déclencheurs de crises [1]. Les formes de crises évoluent au cours de la maladie. Au cours de la première année de vie, les crises tonico-cloniques ou cloniques induites par la fièvre dominent, avec un risque élevé d’état de mal épileptique, tandis qu’au cours de la deuxième et de la troisième année de vie, les crises tonico-cloniques ou cloniques sont plus fréquentes. Les myoclonies sont prédominantes jusqu’à l’âge de 18 ans et les crises tonico-cloniques apparaissent à un âge plus avancé [1,2]. Des troubles du développement cérébral liés aux crises se forment alors, avec un retard psychomoteur et une ataxie. Après l’âge de 5 ans, la fréquence et la sévérité des crises peuvent diminuer.
Mutation dans le gène SCN1A sur le chromosome 2
Dans 75 à 80% des cas diagnostiqués cliniquement, une mutation ou une délétion du gène SCN1A peut être détectée par une technique de génétique moléculaire [3]. Un résultat négatif n’exclut cependant pas la maladie, car le syndrome de Dravet est diagnostiqué en premier lieu sur la base des symptômes [4]. Le diagnostic différentiel doit être établi avec d’autres syndromes épileptiques infantiles. Les encéphalopathies développementales et épileptiques débutant dans l’enfance et l’adolescence peuvent se manifester par des crises focales ou généralisées et comprennent, outre le syndrome de Dravet, le syndrome de Lennox-Gastaut, le syndrome spasmodique infantile, l’épilepsie avec crises atoniques myocloniques (EMAtS), le syndrome de Rasmussen et le syndrome d’épilepsie infectieuse fébrile (FIRES) [5].
Résultats de l’enquête sur les aidants du syndrome de Dravet
Afin d’en savoir plus sur la vie quotidienne des patients atteints du syndrome de Dravet et de leurs familles, la Fédération européenne du syndrome de Dravet a lancé l’étude DISCUSS (“Dravet syndrome caregiver survey”). Les soignants de patients atteints du syndrome de Dravet ont été interrogés de manière anonyme entre le 23 juin et le 4 août 2016. En 2022, les résultats de la cohorte allemande ont été publiés dans le Journal of Epileptology [2]. Les analyses portent sur les données des questionnaires de 68 parents d’enfants concernés. Les patients atteints du syndrome de Dravet avaient un âge moyen de 10 ans (fourchette d’âge : 1-26 ans). Seuls 3 patients (4,4%) n’avaient pas eu de crises au cours des trois mois précédents. Au total, 97% des patients âgés de plus de 5 ans présentaient au moins une comorbidité (encadré). Les antiépileptiques les plus fréquemment utilisés au moment de l’enquête étaient le valproate, le bromure de potassium, le stiripentol, le clobazam et le topiramate (encadré). Les bloqueurs des canaux sodiques**, le phénobarbital et le lévétiracétam, utilisés dans le passé, ne semblent plus être utilisés. En ce qui concerne les paramètres psychosociaux, il s’est avéré que la qualité de vie des patients et de leur famille était réduite par rapport à la population générale et que la maladie affectait particulièrement les parents et les frères et sœurs. Les soignants s’inquiétaient souvent de l’avenir de l’enfant (98,5%) ou de la tolérance ou de l’efficacité des traitements médicamenteux (respectivement 86,8% et 69,1% 47). 86,0% (n=4) des pères et 88,0% (n=54) des mères ont déclaré avoir été affectés dans l’exercice de leur profession. Environ un tiers des personnes qui s’occupent d’enfants ont quitté leur emploi pour pouvoir s’occuper de leur propre enfant. Ils ont reçu un soutien de leur entourage privé (55,9%), de leur partenaire (42,6%), des services sociaux (11,8%) ou des services de soins ambulatoires privés (23,5%).
** Les bloqueurs des canaux sodiques sont contre-indiqués en cas de syndrome de Dravet.
Le cannabidiol comme traitement add-on
Sur la base des résultats d’études contrôlées par placebo en double aveugle, un médicament contenant le principe actif cannabidiol (Epidyolex®) a été autorisé en Suisse en 2021 comme traitement d’appoint pour les patients de plus de 2 ans atteints du syndrome de Dravet ou du syndrome de Lennox-Gastaut [6]. Dans le cas du syndrome de Dravet, les taux de réponse à l’administration de 10 mg/kg pc/jour étaient respectivement de 36% (>50% de réduction des crises) et de 11% (>75% de réduction des crises). Le taux de réussite est légèrement plus élevé avec 20 mg/kg PC, mais les effets secondaires sont également plus nombreux (par exemple, somnolence, manque d’appétit, diarrhée et fièvre).
Littérature :
- «Dravet-Syndrom», https://flexikon.doccheck.com/de/Dravet-Syndrom, (dernière consultation 03.05.2024)
- Strzelczyk A, et al.: Klinische Charakteristika und Lebensqualität beim Dravet-Syndrom: Ergebnisse der deutschen Kohorte des «Dravet syndrome caregiver survey» (DISCUSS). Z Epileptol 2022; 35: 169–177.
- Gataullina S, Dulac O: From genotype to phenotype in Dravet disease. Seizure 2017; 44: 58–64.
- Vereinigung Dravet Syndrom Schweiz, https://dravet.ch, (dernière consultation 03.05.2024)
- Brandt C, et al.: Seltene und komplexe Epilepsien – Herausforderungen in Diagnostik und Therapie. Clin Epileptol 2024. https://doi.org/10.1007/s10309-024-00661-0.
- Swissmedic: Arzneimittelinformation, www.swissmedicinfo.ch, (dernière consultation 06.05.2024)
- Epidyolex®, https://dravet.de/epidiolex-3,(dernière consultation 06.05.2024).
HAUSARZT PRAXIS 2024; 19(5): 36
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2024; 22(3): 32