Un traitement par statine doit être initié chez les patients infectés par le VIH âgés de 40 à 75 ans qui présentent un risque de développer une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse (MCAV). C’est ce qui ressort des recommandations actualisées du ministère américain de la Santé. Le comité (HHS) sur l’utilisation des antirétroviraux chez les adultes et les adolescents vivant avec le VIH a élaboré ces nouvelles directives en collaboration avec l’American College of Cardiology (ACC), l’ American Heart Association (AHA) et l’HIV Medicine Association (HIVMA).
(red) Le panel a basé ses recommandations sur les résultats de l’essai randomisé pour prévenir les événements vasculaires dans le VIH, un essai de phase 3 auquel ont participé des patients adultes infectés par le VIH qui présentaient un risque faible à modéré d’ASCVD. Les patients de l’étude ont reçu un traitement antirétroviral et ont été traités soit par 4 mg de pitavastatine par jour, soit par un placebo. Le critère d’évaluation principal était la survenue d’événements cardiovasculaires indésirables graves.
L’analyse finale a porté sur un total de 7769 patients, dont l’âge moyen était de 50 ans (IQR, 45-55), 31% étaient des femmes, 41% étaient noirs et plus de la moitié (53%) vivaient dans des pays à revenu élevé. Les patients avaient un risque estimé médian d’ASCVD à 10 ans de 4,5% (IQR, 2,1-7%-7,0%) et un nombre médian de cellules T CD4+ de 621 (IQR, 448-827) cellules/mm3. En outre, 49% des patients avaient un nombre de nadir CD4+ antérieur inférieur à 200 cellules/mm3 et 88% avaient un taux d’ARN du VIH inférieur à la limite inférieure de quantification.
Dans le groupe pitavastatine, le nombre d’événements cardiovasculaires indésirables graves a été inférieur de 35% à celui du groupe placebo (hazard ratio, 0,65 ; IC 95%, 0,48-0,90). Une autre comparaison entre les groupes a montré que les patients recevant la pitavastatine présentaient des taux plus faibles de cholestérol à lipoprotéines de basse densité (LDL-C) au début de l’étude (107 contre 74 mg/dL) et après 12 mois (74 contre 105 mg/dL). Cependant, les patients ayant reçu le placebo ont présenté des taux plus faibles d’événements indésirables liés aux muscles (1,4% contre 2,3%) et de diabète émergent (5,3% contre 4,0%).
Sur la base de ces résultats, le panel HHS a recommandé un traitement par statine de puissance moyenne pour les patients âgés de 40 à 75 ans dont le risque d’ASCVD à 10 ans est estimé entre 5% et moins de 20%. Le panel s’est également prononcé en faveur d’un traitement modérément intensif par statine pour les patients dont le risque d’ASCVD à 10 ans est estimé à moins de 5%. Ils ont toutefois souligné que la présence ou l’absence de facteurs liés au VIH associés à un risque accru d’ASCVD devrait être prise en compte dans ce groupe de patients, car les bénéfices d’un traitement par statine sont plutôt modestes.
Les options recommandées pour un traitement par statine d’intensité moyenne étaient les suivantes :
- Pitavastatine 4 mg une fois par jour ;
- Atorvastatine 20 mg une fois par jour ; et
- Rosuvastatine 10 mg une fois par jour.
Le panel a également donné des conseils sur la prévention des ASCVD pour la population générale, y compris les patients infectés par le VIH. Ils ont recommandé un traitement par statine de haute intensité pour les patients âgés de 40 à 75 ans présentant un risque élevé (≥20%) d’ASCVD à 10 ans estimé, un traitement par statine de haute intensité à la dose maximale tolérée pour les patients âgés de 20 à 75 ans présentant des taux de LDL-C de 190 mg/dL ou plus, et un traitement par statine de moyenne intensité pour les patients âgés de 40 à 75 ans souffrant de diabète.
Pour les patients séropositifs de moins de 40 ans, des modifications du mode de vie ont été recommandées, car les données sur l’utilisation d’un traitement par statine pour prévenir les ASCVD dans cette population étaient insuffisantes. En outre, le traitement par statine doit être reporté jusqu’après la grossesse chez les femmes enceintes présentant un risque faible à modéré d’ASCVD et le traitement doit être interrompu chez les patientes infectées par le VIH qui deviennent enceintes. Le groupe a déconseillé l’utilisation des statines chez les patientes qui allaitent. Selon le groupe, l’administration simultanée de certaines statines et d’antirétroviraux peut entraîner des interactions importantes entre les médicaments.
Source : Recommandations pour l’utilisation d’un traitement par statine en prévention primaire des maladies cardiovasculaires athéroscléreuses chez les personnes vivant avec le VIH. NIH. Publié le 27 février 2024. Consulté le 29 février 2024. https://clinicalinfo.hiv.gov/en/guidelines/hiv-clinical-guidelines-adult-and-adolescent-arv/statin-therapy-people-hiv.
CARDIOVASC 2024 ; 23(1) : 36