Les personnes souffrant d’apnée obstructive du sommeil (AOS) présentent un risque accru de problèmes cardiovasculaires, mais les données concernant l’impact de la PPC sur la réduction de ce risque sont contradictoires. Une étude montre aujourd’hui que la PPC pourrait contribuer à réduire le risque de maladie cardiovasculaire ou de décès chez les personnes souffrant de SAOS.
Les personnes atteintes du SAOS ronflent souvent fort, leur respiration s’arrête pendant la nuit et elles peuvent se réveiller plusieurs fois. Cela peut réduire la quantité d’oxygène dans le sang et entraîner une fatigue. En outre, il peut également augmenter le risque d’hypertension, d’accident vasculaire cérébral, de maladie cardiaque et de diabète de type 2. Les appareils CPAP (Continuous Positive Airway Pressure) sont proposés aux personnes souffrant de SAOS afin de les aider à mieux dormir. Ils soufflent de l’air à travers un masque facial pendant la nuit afin d’éviter que les voies respiratoires de l’utilisateur ne se ferment. La recherche sur les effets de la PPC sur les maladies cardiovasculaires a jusqu’à présent donné des résultats mitigés, mais les données du monde réel suggèrent que l’observance de la PPC est l’un des principaux prédicteurs de la réduction du risque cardiovasculaire et de meilleurs résultats en général. Une étude espagnole vient de montrer que les patients souffrant de SAOS peuvent réduire leur risque de décès par maladie cardiovasculaire s’ils portent un masque CPAP la nuit [1].
L’étude a été présentée par le Dr Jordi de Batlle de l’Institut de Recerca Biomèdica de Lleida, en Espagne. Sur une période de suivi médiane de 4,5 ans, lui et ses collègues ont suivi les 3638 patients atteints de SAOS vivant en Catalogne qui avaient décidé d’arrêter leur traitement par PPC en 2011. Ils ont comparé leurs données à celles d’un groupe similaire de 3638 patients atteints de SAOS qui ont continué à utiliser la PPC jusqu’en 2015 au moins ou jusqu’à leur décès (âge médian 66,5 ans, 71,5% d’hommes).
En comparant les deux groupes, les chercheurs ont constaté, après ajustement en fonction de l’âge, du sexe et des principales pathologies associées, que ceux qui continuaient à utiliser des masques CPAP avaient 40% de risque en moins de mourir d’une cause quelconque, 36% de risque en moins de mourir d’une maladie cardiovasculaire et 18% de risque en moins d’être hospitalisés pour une maladie cardiovasculaire.
Leur étude d’observation longitudinale basée sur la population montre un effet protecteur modéré mais significatif de la PPC sur les événements cardiovasculaires graves. Cette association contraste avec les résultats des essais contrôlés randomisés sur ce sujet et souligne la nécessité d’inclure des patients du monde réel dans les études. “Nos résultats suggèrent que le traitement par PPC peut aider la plupart des patients souffrant de SAOS en prévenant les problèmes cardiovasculaires tels que les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux”, a déclaré le Dr de Batlle. Il s’agit d’un atout supplémentaire, car le traitement par PPC aide déjà la plupart des patients atteints du SAOS en réduisant leur somnolence et en améliorant leur qualité de vie. “Sur la base de ces résultats, nous devrions encourager les personnes souffrant de SAOS à continuer d’utiliser leurs appareils de PPC”.
CPAP réduit la formation de la plaque dentaire
Selon les résultats d’une étude pilote également présentée au congrès de l’ERS, la PPC peut également réduire la formation de plaque dans les artères autour du cœur mieux qu’un médicament de perte de poids [2]. Le Dr Cliona O’Donnell, spécialiste en médecine respiratoire au St. Vincent’s University Hospital et à l’University College Dublin, en Irlande, et ses collègues ont mené leur étude sur 30 patients atteints de SAOS qui ont subi une tomodensitométrie (TDM) pour détecter des signes de rétrécissement dans les vaisseaux sanguins qui alimentent le cœur.
Les patients ont ensuite été assignés de manière aléatoire à un traitement de 24 semaines, au cours duquel ils ont reçu soit un appareil de PPC la nuit, soit des injections de liraglutide pour perdre du poids, soit les deux à la fois. Les patients qui présentaient des signes de maladie coronarienne lors du premier examen ont subi un nouvel examen à la fin des 24 semaines de traitement. Les chercheurs ont utilisé un programme d’intelligence artificielle (IA) pour analyser les scans des patients.
Les participants traités par PPC et ceux qui ont reçu une PPC et des injections pour perdre du poids ont vu une réduction de la formation de plaques dans les artères et une diminution de l’inflammation dans l’aorte (sous PPC, le volume des plaques est passé de 571±490 à 334±185 mm).3sous traitement combiné de 401±145 à 278±126 mm.3). Ces effets n’ont pas été observés chez les patients traités uniquement par injections pour la perte de poids (Fig. 1).
“La pression positive continue des voies respiratoires maintient les voies respiratoires des patients ouvertes pendant leur sommeil. Cela empêche les fluctuations du taux d’oxygène dans le sang, qui peuvent aggraver les maladies cardiovasculaires”, a expliqué le Dr O’Donnell pour expliquer l’effet. Cependant, bien qu’il s’agisse d’une étude pilote, aucune conclusion claire ne peut être tirée. “Mais nous avons constaté que certains signes précoces de maladies cardiovasculaires se sont améliorés grâce au traitement par PPC”. Cela devrait maintenant être examiné plus avant dans des études à plus grande échelle, a conclu la médecin.
Sources :
- de Batlle J : Exposé “Impact of CPAP treatment on cardiovascular outcomes : a Catalan nationwide database analysis” ; Session “Positive airway pressure for sleep-disordered breathing : adherence and outcomes” ; ERS Congress 2023, 11.09.2023.
- O’Donnell C : Exposé “The effect of CPAP therapy on coronary artery plaque volume in obstructive sleep apnoea : data from a proof-of-concept study” ; Session “Positive airway pressure for sleep-disordered breathing : adherence and outcomes” ; ERS Congress 2023, 11.09.2023.
InFo PNEUMOLOGIE & ALLERGOLOGIE 2023 ; 5(4) : 34-35 (publié le 9.11.23, ahead of print)