Le 31 octobre 2019, la Société suisse pour la sécurité des médicaments en psychiatrie (SSMSP) se réunira au Sanatorium Kilchberg pour son congrès annuel. L’événement sera animé par l’ancienne présidente Alice Walder et le professeur Katja Cattapan. Quels sont les thèmes clés ? Nous avons posé la question aux intervenants.
Autonomie et prise de médicaments
Prof. Hoff, la conférence aborde notamment le thème de l’autonomie dans le traitement psychopharmaceutique. L’administration de psychotropes constitue-t-elle une restriction de l’autonomie ?
Prof. Hoff : Tout type de traitement psychiatrique s’inscrit dans la relation thérapeutique. Certains patients expriment leur crainte de perdre leur autonomie du seul fait de la prise de médicaments psychotropes. Dans cette situation, une relation thérapeutique solide est essentielle.
Pouvez-vous donner un exemple de défi éthique ?
Prof. Hoff : La “contrainte douce” est un sujet sous-estimé : comment réagir lorsqu’un patient veut arrêter un traitement neuroleptique clairement indiqué sans raison convaincante ? Comment trouver un équilibre centré sur la personne entre l’autonomie du patient et son droit à un traitement optimal ?
Moins de rechutes grâce aux médicaments à libération prolongée
Professeur Hasler, une médication à libération prolongée avec un effet de deux, quatre semaines, voire trois mois, n’implique-t-elle pas une forte réduction de l’autonomie du patient ?
Pr Hasler : Son autonomie en termes de dosage quotidien est effectivement réduite. D’autre part, la diminution des rechutes accroît son autonomie dans la vie. Les préparations de dépôt réduisent également la probabilité de mesures coercitives.
Y a-t-il de nouveaux développements dans ce domaine ?
Pr Hasler : Avec Abilify Maintena® et Trevicta®, nous avons deux nouvelles options importantes en Suisse. Abilify Maintena® se caractérise par un profil d’effets secondaires favorable, par exemple
peu de prise de poids et de troubles métaboliques
Interférences. Dans le cas de Trevicta® , la durée d’action de trois mois est un avantage majeur pour un certain nombre de patients.
Les femmes sont généralement surdosées
Professeur Greil, vous allez nous parler du projet AMSP sur les différences entre les sexes. Quoi de neuf ?
Prof. Greil : La FDA américaine a fixé la dose maximale de zolpidem à 5 mg pour les femmes. En effet, au dosage de 10 mg autorisé pour les hommes, les femmes ne seraient pas encore suffisamment aptes à conduire le lendemain matin en raison du ralentissement de l’élimination du médicament. Nos évaluations montrent que de telles différences de pharmacocinétique entre les sexes sont peu prises en compte chez nous. Le dosage standard, identique pour les hommes et les femmes, utilisé ici signifie souvent un surdosage pour les femmes. Cela pourrait être une raison importante de l’augmentation du taux d’effets secondaires chez les femmes.
Il y aurait des alternatives aux mesures de contrainte
Dr Bridler, vous allez parler de la prescription de psychotropes contre la volonté. Y a-t-il des efforts pour limiter cette mesure de contrainte dans le traitement hospitalier ?
Dr Bridler: En Suisse, l’entrée en vigueur du nouveau droit de protection des adultes en 2013 a principalement entraîné une judiciarisation des mesures de contrainte, mais pas une réduction de celles-ci. Il existe des recherches psychiatriques visant à réduire les mesures de contrainte en milieu hospitalier grâce aux directives anticipées, aux équipes mobiles, aux maisons Soteria ou aux mesures de contrainte ambulatoires. Mais tant que la société approuvera et inscrira dans la loi des mesures de contrainte, y compris la prescription de médicaments contre la volonté, les alternatives auront du mal à voir le jour. En effet, ces dernières sont plus coûteuses et la porte dérobée aux mesures coercitives est ouverte.
L’utilisation étendue du génotypage ABCB1 serait prématurée
Dr Jetter, existe-t-il déjà des approches de médecine personnalisée ou de médecine de précision dans le traitement par psychotropes ?
PD Dr. Jetter : Pour le traitement par carbamazépine, il est déjà indiqué dans les informations professionnelles que, pour évaluer le risque de réactions cutanées indésirables graves, un test de tolérance doit être effectué avant le début du traitement.
un test génétique pour la présence de l’allèle HLA-A*3101 doit être effectué. Cela vaut pour les personnes d’origine européenne, japonaise, indienne du sud et arabe. Pour les Asiatiques de l’Est, le test d’un autre allèle HLA est obligatoire. Une analyse génotypique peut également être utile avant un traitement par atomoxétine (Strattera®). En cas de défaut génétique (“poor metabolizer” du CYP2D6), le médicament est dégradé très lentement. Il en résulte un risque fortement accru d’effets indésirables, voire de réactions toxiques. Par conséquent, si une variante génétique entraînant une défaillance du CYP2D6 est détectée, il convient d’envisager une dose initiale très faible et une titration lente.
En cas de prescription d’analyses pharmacogénétiques, l’avis favorable d’un pharmacologue clinique est requis. Recommandez-vous l’utilisation généralisée du génotypage ABCB1 ?
PD Dr Jetter : Jusqu’à présent, seul un bénéfice assez faible a été démontré une fois de manière satisfaisante chez un groupe très sélectionné de patients. Par conséquent,
les études menées jusqu’à présent ne suffisent malheureusement pas à prouver l’utilité clinique du génotypage ABCB1 dans le traitement médicamenteux de la dépression. À ce stade, la généralisation est donc
d’un génotypage ABCB1 dans la pratique clinique quotidienne est prématurée.
L’interview a été réalisée par la rédaction.
Annonce de l’événement :
Congrès annuel de la SSMSP 2019
Jeudi 31 octobre 2019, de 13 h 30 à 17 h 00
Sanatorium Kilchberg, Alte Landstrasse 70-84, 8802 Kilchberg
Inscription par e-mail : info@sgamsp.ch
Date limite d’inscription : 10.10.2019