Le syndrome de Clouston est une maladie héréditaire autosomique dominante caractérisée par les symptômes principaux suivants : hyperkératose, dystrophie des ongles et alopécie. Ce syndrome est dû à des mutations dans le gène GJB6, qui code pour la protéine de jonction gap Connexin-30.
La première description de cette maladie rare a été faite en 1929 par le médecin canadien H.R. Clouston. La prévalence exacte n’est pas connue, il est probable que le syndrome ne soit pas toujours diagnostiqué. Le symptôme le plus régulier est l’altération des ongles, qui peut être présente dès la naissance ou au début de la vie néonatale. Typiquement, les ongles sont épaissis, poussent lentement, et sont fragiles, souvent hyperconvexes, décolorés et striés. Les symptômes supplémentaires sont la microonychie, l’onycholyse et les paronychies récurrentes avec perte des ongles. Un autre symptôme caractéristique est une alopécie totale ou partielle, souvent progressive, présente dès la naissance ou apparaissant chez le nourrisson/l’enfant. Les cheveux principaux restants poussent lentement et sont clairsemés, fins et cassants. Les sourcils, les cils et les poils du corps sont également souvent clairsemés. L’hyperkératose palmoplantaire ne se produit pas régulièrement. Lorsqu’elle est présente, elle commence généralement dans l’enfance et a tendance à s’aggraver avec l’âge. Chez certains patients, des hyperkératoses et des hyperpigmentations se développent également au-dessus des articulations et des protubérances osseuses.
Casuistique : exemple de la vie quotidienne en clinique
Une équipe de recherche du service de dermatologie de l’hôpital universitaire de Lausanne a décrit le cas de figure suivant d’une famille d’origine canadienne : la fillette de 4 ans présente des cheveux cassants et fragiles et une hypotrichose, ainsi que des ongles hyperkératosiques et des paumes et plantes de pieds légèrement rouges et épaissies. Chez le père, les lésions palmoplantaires s’étendent jusqu’aux limites des pieds et des mains, du tendon d’Achille et des chevilles. Si des fissures se forment, des douleurs apparaissent lors de la marche. Des problèmes similaires ont été rencontrés sur au moins quatre générations. Certains membres de la famille étaient chauves, tandis que d’autres présentaient davantage de kératodermie palmoplantaire et d’anomalies des ongles, tandis que d’autres ne présentaient pratiquement aucun symptôme. Des tests de génétique moléculaire ont permis de mettre en évidence une mutation hétérozygote dans le gène GJB6. La biopsie cutanée a révélé des hyperkératoses, mais peu de changements inflammatoires, ce qui a été confirmé par l’absence de signature inflammatoire des analyses transcriptomiques.

Options de traitement
Jusqu’à présent, il n’existe que des traitements symptomatiques pour le syndrome de Clouston. Il s’agit notamment de kératolytiques topiques, de rétinoïdes oraux, ainsi que de dispositifs orthopédiques destinés à réduire la pression. Dans un modèle expérimental animal utilisant des souris adultes Cx30A88V/A88V, un anticorps dirigé contre la connexine 30 a entraîné une réduction de l’activité des demi-canaux de la jonction gap. Selon Morren et al. il s’agit peut-être d’une nouvelle approche thérapeutique. Les connexines sont une famille de protéines transmembranaires qui forment des jonctions gap dans les cellules et permettent l’échange direct de molécules d’une taille d’environ 1 kDa entre cellules voisines.
Sources :
- Orphanet, www.orpha.net,(dernière consultation 09.02.2023)
- Morren MA, et al : Syndrome de Clouston : une forme rare de dysplasie ectodermique. Poster 15, Abstractband, SGDV Jahresversammlung, 9-11.11.2022.
DERMATOLOGIE PRAXIS 2023 ; 33(1) : 37 (publié le 14.2.23, ahead of print)