Le diagnostic d’une infection à Borrelia n’est pas toujours facile. Dans certains cas, les symptômes ne sont pas associés à une piqûre de tique ou sont atypiques. Un examen sérologique n’est pas indiqué dans les premiers stades de la maladie de Lyme, mais peut être très révélateur dans les stades ultérieurs. Les anticorps IgM sont indicatifs d’une borréliose aiguë et, plus tard, des anticorps IgG sont produits et peuvent être détectés à vie.
En Europe, la punaise des bois (Ixodes ricinus) est le vecteur le plus fréquent des borrélies. Alors qu’aux États-Unis, on trouve principalement Borrelia burgdorferi sensu stricto, en Europe, ce sont les borrélies du complexe Borrelia burgdorferi sensu-latuqui sont principalement répandues, notamment Borrelia afzelii (B. afzelii) et Borrelia garinii (B. garinii). La maladie de Lyme est divisée en trois stades, avec des évolutions atypiques : maladie localisée précoce, maladie disséminée précoce et maladie tardive [1,2]. “L’érythème chronique migrant est une lésion cutanée tout à fait caractéristique”, a rapporté le Dr Maya Wolfensperger, médecin-chef, Institut de dermatologie et de vénérologie, Hôpital municipal de Zurich [2]. “Il apparaît quelques jours à un mois après la piqûre de tique”, a-t-elle ajouté [2]. L’érythème chronique migrant peut être accompagné ou non de symptômes systémiques. Les symptômes associés comprennent par exemple la fatigue, les céphalées, la raideur de la nuque, la myalgie, l’arthralgie, la lymphadénopathie régionale.
Seul un quart des personnes touchées par une piqûre de tique se souvient de la morsure. La région axillaire, l’arrière de la tête (par exemple chez les jeunes enfants) et la région inguinale sont des localisations critiques.
Acrodermatite chronique atrophiante : une manifestation de stade tardif
L’érythème chronique migrant peut également présenter des caractéristiques atypiques, par exemple une ulcération au centre, ou être bulleux. “Il faut quelques jours pour que cela s’atténue au centre”, a rapporté le Dr Wolfensperger [2]. Concernant la maladie disséminée précoce, la conférencière a souligné qu’en présence de plusieurs érythèmes migrants, il s’agit d’une dissémination hématologique précoce [2,3]. “Cela se produit des semaines ou des mois après une infection, et peut également être associé à des résultats neurologiques ou cardiaques”, a rapporté l’intervenante [2]. Certains de ces patients n’ont pas d’antécédents de maladie de Lyme localisée précoce. Les manifestations cliniques d’une maladie disséminée précoce comprennent par exemple une triade de méningite, de paralysie des nerfs crâniens et de radiculoneuropathie ; un bloc AV, une myopéricardite, mais aussi une atteinte oculaire (par exemple conjonctivite, kératite, etc.) sont possibles. Parmi les manifestations cutanées, les érythèmes migrants multiples et les lymphocytomes(B. afzelii) sont caractéristiques de ce stade. Ce dernier se manifeste souvent sur le lobe de l’oreille chez les enfants et sur la poitrine chez les adultes.
“La maladie tardive, qui peut survenir quelques mois ou années après l’infection, se manifeste initialement par un œdème, une rougeur, au niveau des acres”, a expliqué le Dr Wolfensperger [2]. Si cela persiste, une acrodermatite chronique atrophiante apparaît (0,5 à 8 ans après l’infection initiale). Selon l’oratrice, cela ne se produit pas chez les patients qui ont été traités dans la phase précoce d’une infection à Borrelia [2]. Les autres manifestations d’un stade tardif sont l’arthrite et la neuropathie.
La maladie de Lyme pendant la grossesse n’entraîne pas d’anomalies congénitales ou la mort du fœtus si le traitement est suivi [4]. Bien entendu, il ne faut pas traiter les femmes enceintes avec des tétracyclines, mais avec de l’amoxicilline ou de la ceftriaxone, a expliqué la conférencière [2]. Les borrélies ne sont pas transmises dans le lait maternel, l’allaitement ne présente donc aucun risque.
Dans quels cas envisager une sérologie ?
Pour la détection d’une infection, on dispose d’une PCR Borrelia, ainsi que de la sérologie Borrelia par dosage immunoenzymatique, a expliqué PD Dr sc. nat. Philipp Bosshard, maître-assistant, Clinique dermatologique, Hôpital universitaire de Zurich [2]. La PCR à partir de la tique, la PCR à partir du sang, les tests de transformation des lymphocytes, les gouttes de sang, les frottis sanguins n’ont pas de valeur. Dans les premiers stades de la maladie de Lyme (“maladie localisée”, érythème chronique migrant), aucun diagnostic de laboratoire n’est recommandé. En effet, la sensibilité à ce stade est faible (20-50%). “Vous ne pouvez rien faire avec un résultat négatif et vous n’êtes pas non plus tout à fait sûr avec un résultat positif”, a fait remarquer le conférencier [2]. C’est pourquoi, selon lui, la sérologie n’est pas appropriée au premier stade de la maladie de Lyme (tableau 1). “Mais aux stades ultérieurs, la sérologie a une très bonne sensibilité”, a rapporté le Dr Bosshard, ajoutant qu’elle était supérieure à 80% (tableau 2) [2]. Dans les stades tardifs de la maladie de Lyme, la valeur prédictive positive et la valeur prédictive négative sont toutes deux élevées, ce qui donne une grande fiabilité. Après une infection par Borrelia, les IgM sont généralement produites en premier (2-4 semaines après le début de la maladie) et les IgG un peu plus tard (6-8 semaines après le début de la maladie). Dans le cadre de l’examen sérologique, on effectue d’abord un dépistage par test de recherche immuno-enzymatique (ELISA), suivi d’un test de confirmation par immunoblot. Le nombre de bandes dans l’immunoblot augmente au fil du temps. Plus l’infection est ancienne, plus le nombre de bandes positives est élevé. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est le facteur de séroprévalence/séronégativité, c’est-à-dire que l’on trouve également des anticorps contre Borrelia chez des personnes en bonne santé. C’est le cas chez environ 5% des femmes et 10% des hommes, avec une augmentation de la fréquence corrélée à l’âge [1,5].
Congrès : Journées zurichoises de formation continue en dermatologie (ZDFT)
Littérature :
- “Maladies causées par les piqûres de tiques – maladie de Lyme”, www.lgl.bayern.de,(dernière consultation 07.06.2024)
- “Borrelia”, Dr. Med. Maya Wolfensperger, PD Dr. sc. nat. Philipp Bosshard, ZDFT, 21.06.2024.
- Ogrinc K, et al. : Course et résultat de la neuroborréliose de Lyme précoce européenne (syndrome de Bannwarth) : Clinical and Laboratory Findings. Clin Infect Dis 2016 ; 63(3) : 346-353.
- Strobino B, Abid S, Gewitz M : Maternal Lyme disease and congenital heart disease : a case-control study in an endemic area. Am J Obstet Gynecol 1999 ; 180 : 711.
- Wilking H, et al. : Antibodies against Borrelia burgdorferi sensu lato among Adults, Germany, 2008-2011. Emerg Infect Dis 2015 ; 21(1) : 107-110.
DERMATOLOGIE PRAXIS 2024 ; 34(4) : 34-35 (publié le 30.8.24, ahead of print)